Il y a un bon moment déjà que je n’ai pas rédigé un billet sur le thème des proverbes créoles mais comme je jetais un coup d’œil à l’un des livres que j’ai reçus à Noël dernier (merci à ma fille Aurélie), j’en ai lu un qui a retenu mon attention :
Zistis Bon Dié i voyaze an saret’bef. (La justice du Bon Dieu voyage en charrette boeufs.)
Les charrettes bœufs ont quasiment disparu du décor réunionnais mais elles étaient très « tendance » quand j’ai découvert l’île en 1976. J’habitais le Sud de l’Île, et pendant la période de la coupe (des cannes à sucre), elles encombraient les routes. Quand vous partiez travailler en voiture et que, soudain au détour d’un virage, vous vous trouviez pris derrière une charrette, il fallait faire preuve de patience car doubler était souvent impossible alors, prenant notre mal en patience, nous roulions un moment au pas derrière cet attelage aujourd’hui disparu. « Go-dop, go-dop », comme on dit… ça n’allait pas vite. Imaginez, en plein soleil, dans des voitures qui n’étaient pas climatisées.
Vous avez compris que ces charrettes bœufs se déplaçaient lentement donc si le Bon Dieu utilise ce moyen de locomotion, sa justice ne sera pas rendue rapidement (celle des hommes est rarement rapide mais ça dépend des justiciables et des périodes). En clair, le châtiment de nos mauvaises actions n’est pas immédiat mais il sera (peut-être) inéluctable. Un jour, on paie ses fautes. C’est sans doute le « peut-être » qui encourage quelques-uns à ne rien respecter.
Des « indulgences » (actes de charité) sont-elles encore commercialisées ? Verrons-nous les méchants payer leurs mauvaises actions ? Verrons-nous simplement les Droits de l’Homme respectés partout sur la planète ?
J’espère.
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Mon livre source aujourd’hui, c’est « Proverbes réunionnais » de Daniel Honoré, Editions UDIR.
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