Dans notre monde actuel, tout se dit, se sait, se fait « à peu près ». Je crois que l’à-peu-près est devenu une sorte de passeport pour cautionner la paresse généralisée, celle que je n’aime pas : la paresse des médiocres. Souvenez-vous de mon « éloge de la paresse« . Nierez-vous qu’aujourd’hui, à l’école, le savoir est transmis à peu près par des enseignants à peu près doctes ? Que tout ne nous intéresse qu’à peu près ?
Ne nous voilons pas la face, les universités et les Grandes Ecoles « diplôment » de futurs cadres dont la compétence est de plus en plus insuffisante. On pense que les diplômes donnent le savoir. Il y en a tant et tant que certains s’inventent des formations et des diplômes et que ça passe.
De même quand nous choisissons nos élus, nous partons au bureau de vote « désigner » celui qui est à peu près honnête (celui qui nous semble le « moins pire ». C’est dur de voir à quoi nous en sommes réduits. Où est la probité et l’intégrité des grands hommes ?
Quand je m’insurge contre les diplômes et les études tels qu’ils sont aujourd’hui distribués ou dispensées, il ne s’agit pas de faire preuve d’élitisme, ce dont on m’a souvent accusé mais simplement de faire preuve de bon sens. Ce n’est pas parce qu’on est exigeant que l’on ne veut pas tirer tout le monde vers le haut, bien au contraire ; je crois qu’il faut prendre en considération chaque élève pour l’amener au plus haut point possible en prenant véritablement en compte ses capacités et ses envies. Je me souviens que ma grand-mère répétait « Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens« .
Je sais qu’une population bien éduquée (voire très éduquée) a plus de chances de s’en sortir qu’une population moins éduquée mais ça dérangerait sans doute l’ordre établi dans lequel des médiocres se sont faits de confortables places.
Il faut investir massivement dans tous les types d’enseignement y compris le maternel et non dans l’assistanat à outrance. Investir dans l’éducation mais cela fait peur à certains comme je le crois et quoi qu’ils disent.
Je me souviens qu’une directrice d’école avait dit, devant moi, à une institutrice qui voulait me faire « sauter une classe » en 1961 « Ça ne sert à rien, elle est fille d’ouvrier, elle ne passera jamais son bac ! » Je me souviens que je suis rentrée chez moi et que j’ai pleuré en demandant à ma grand-mère « C’est quoi un ouvrier ? » car l’air qu’avait pris cette vieille chouette de directrice m’avait montré à quel point la situation d’ouvrier était méprisable.
Je vous rappelle que j’habitais le quartier Berriat à Grenoble, un quartier populaire mais c’était mon quartier. Je n’en ai pas honte.
Pour faire mentir cette vieille chouette j’ai eu mon bac et même plus, sans aucune bourse. Les revenus de mes parents étaient suffisants pour que je ne perçoive aucune aide : ma mère travaillait ainsi que mon beau-père. Il m’a fallu aussi lutter contre ce beau-père qui répétait que « Y a que les fainéants qui passent le bac. »
Non je ne jouerai pas plus longtemps les Cosette mais je veux insister sur le fait que l’école et la volonté aident à vivre mieux même si ce qui compte par dessus tout, ce n’est pas le diplôme, c’est la compétence.
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