Les pauvres ça rapporte, ça rapporte même beaucoup à TF1. J’y reviendrai. Pour le moment, je regarde un nouvelle fois le film pour les dons aux Restos du cœur, « on » s’est rendu compte du découragement des donateurs inconnus.
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Je n’aime pas ce film, c’est la pub de la pauvreté et du découragement. C’est triste, démoralisant. Il n’y a qu’un seul sourire, celui de la femme métisse qui s’approche pour aider, c’est la première qui réagit ; un autre inconnu et invisible la suivra. Le généreux, celui qui porte tout, est pâle, au bord de l’épuisement dans l’indifférence générale : les passants ralentissent, s’arrêtent, regardent mais n’agissent pas. Le « bon samaritain » a l’air très mal en point ; c’est bien ce qui nous arrive à nous, à force de verser des gouttes d’eau dans l’océan de la misère, ce sentiment d’impuissance et d’accablement.
Si ce film a été fait (par une agence de publicité philanthropique ? je veux dire gratuitement ?) pour lutter contre le découragement des donateurs, il a eu sur moi l’effet inverse. Depuis des années, je donnais un chèque, je ne l’ai pas fait cette année pour plusieurs raisons (primo : comme beaucoup, je me sens plumée par l’État). J’ai par contre donné samedi dernier à la collecte de denrées alimentaires, ce qui me parait plus efficace. Ça améliorera l’ordinaire de quelques-uns. Mes sous, je ne sais pas trop où ils finissent ; je me souviens encore de l’A.R.C. et les soirées « Enfoirés » me laissent perplexe.
Si les bénévoles lambda sont de vrais bénévoles, j’ai de plus en plus de méfiance vis-à-vis des « Enfoirés » en raison des bruits qui courent sur leurs conditions de travail pendant la tournée (logement de luxe, nourriture…), il est inadmissible que des artistes, des gens déjà privilégiés soient traités comme des princes ; avec les spectacles des « Restos », ils sont projetés sur le devant de la scène pour cette cause honorable et bénéficient d’une publicité médiatique importante et totalement gratuite. Les premiers « Enfoirés » étaient de vrais généreux, aujourd’hui c’est un grand cirque qui profite à TF1 et à l’État.
C’est vrai qu’un spectacle fait par des quidams n’aurait pas d’intérêt, aussi bons soient-ils sur scène mais pourquoi continuer avec le star-system ? Certes, sans la présence des artistes, il y aurait moins d’argent récolté pour ceux qui ont faim mais si certains artistes sont vraiment généreux, bon nombre sont intéressés. La télévision y trouve son compte. Qui d’autre ?
J’ai envie de poser des questions qui dérangeront sans doute :
– Pourquoi faut-il tant de bénévoles ? Pour que la situation s’améliore ? Parce que la misère s’accroit, c’est sûr.
– Pourquoi ne pas occuper les pauvres eux-mêmes dans les restos du cœur ? Ils sont de plus en plus nombreux et comme l’inactivité mine le moral, les plus jeunes se sentiraient plus utiles en participant aux actions de cette association. Je sais que cette possibilité existe mais pourquoi ne pas la généraliser ? Ça ferait une ligne de plus sur leur CV.
Personne ne doit se résigner. Il faut continuer à se battre, à bouger, à participer, à être actif, C’est très bien d’être bénévole pour les Restos mais ne peut-on agir d’une autre manière ?
Comme Renaud, il y a trois ans, j’ai envie d’exprimer ma déception vis-à-vis des pouvoirs publics. « Les Enfoirés, c’est une honte que cela existe encore vingt ans après ! L’État aurait dû prendre en charge les déshérités. » L’État trouve bien des sous pour la guerre et les étrangers, pourquoi pas pour les plus pauvres des citoyens ? Sans compter que leur nombre de nécessiteux va augmenter, les retraites vont être gelées, elles sont déjà si petites pour certains.
Pendant ce temps le C.E.S. Conseil Économique et social coûte 40 millions par an.
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