Proverbe créole

Encore un proverbe créole : « La ké lo sien i branle, mé i sape pa. » Traduction : la queue du chien oscille mais ne tombe pas.

Quand il est content le chien remue la queue, il tourne et vire, il saute, il court, tourne en rond et aboie, il remue encore et encore la queue même s’il ne lui en reste qu’un «gongon» (un tout petit bout, comme c’est le cas chez certaines races, les boxers par exemple, leurs propriétaires estimant que le chien avec un moignon caudal est plus beau qu’avec une longue queue maigrichonne). Quand il est content, le chien remue la queue tant et plus et l’on se demande parfois si elle ne va pas se détacher du corps et tomber par terre. En effet, rien ne bouge autant qu’une queue de chien et pourtant personne n’en a jamais vue une seule dégringoler.

De la même manière, il y a dans la vie des choses qui n’inspirent pas confiance quant à leur solidité qui tremblent, plient et résistent, de même que des gens qui semblent frêles et en définitive, se révèlent d’une robustesse à toute épreuve. C’est l’histoire du roseau ni plus ni moins.

Vous souvenez-vous de la fable de La Fontaine « Le Chêne et le Roseau » ?

Le Chêne un jour dit au Roseau :
« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d’aventure
Fait rider la face de l’eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n’auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l’orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
– Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. « Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.

« La loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure » pourrait être la morale de cette fable mais l’aspect politique est évident : le chêne représente le pouvoir royal, présomptueux et condescendant, victime, à la fin, d’une révolte incarnée par un vent violent qui le punit en quelque sorte pour son arrogance.

Le ciel nous vengera-t-il ? Voilà qui peut donner un peu d’espoir aux roseaux capables de faire des courbettes et de laisser passer les événements.

Passivité…

On est loin du « aide-toi, le ciel t’aidera ».

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