C’est mardi, la semaine commence à peine et elle promet d’être estivale au moins pendant sa deuxième moitié. Chic ! Enfin. Mes petits-enfants et ma fille aînée me rejoignent vendredi. Comme c’est mardi justement, j’ai envie de rajouter cette autre expression : «en mettre un rayon» puisqu’on se remet au boulot le lundi, en principe, sauf si on est en congé ce jour-là, en vacances, retraité ou chômeur.
Donc le lundi, le mardi et jusqu’au vendredi, on peut «en mettre un rayon» : beaucoup travailler, et de préférence bien travailler ; j’entends Magitte me dire : « avant on avait l’amour du travail bien fait. » Aujourd’hui, on bâcle bien souvent.
L’expression «en mettre un rayon» signifie travailler avec ardeur, se dépenser, fournir un effort soutenu, elle a une origine plus incertaine, sans doute ce rayon-là vient du mot «rai», lui-même issu du latin radius (baguette, rayon de roue, rayon de lumière). Le rayon est la pièce reliant le moyeu à la jante d’une roue (donc là, on est bien dans le cyclisme ; il faut reconnaître que pédaler sous la pluie ou le gros soleil pendant le Tour de France, c’est une sacrée longue épreuve). Selon toute vraisemblance, il pourrait s’agir d’une comparaison entre le dur travail du laboureur de jadis traçant avec peine le sillon et l’effort fourni par le cycliste appuyant sur ses pédales (même dopé, les côtes sont rudes). En plein Tour de France, je ne pouvais laisser passer cette formule bien française.
En mettre un rayon, « travailler avec ardeur » comme une fourmi ou mieux comme une abeille (abeilles qu’il faut protéger pour notre propre survie), je n’ose pas écrire « travailler comme un nègre » de peur d’être traitée de raciste comme Monsieur Guerlain. Travailler comme un nègre, cette expression fait référence à la contrainte et à l’exploitation sans limites d’un travailleur. Qu’y a-t-il de raciste ? Bon nombre de blancs, dans les mines ou dans certaines usines, travaillaient comme des nègres. Aujourd’hui, la contrainte est plus perverse.
Revenons aux abeilles qui vivent, comme les fourmis en communauté et travaillent dur et ensemble. Petites merveilles de symétrie que ces alvéoles hexagonaux des rayons de ruches ! Les abeilles les aménagent pour y recevoir couvain et miel (dans les ruches préparées par l’homme, les abeilles qui s’installent trouvent des rayons « pré-imprimés » comme une sorte de plan à aménager, pour exploiter davantage les abeilles et en tirer plus de miel).
Dans le même registre qu’«en mettre un rayon », plus familièrement encore, on trouve aussi les verbes « bosser, bûcher, trimer, turbiner, marner» ainsi que les expressions « aller au charbon, en mettre un coup, travailler d’arrache-pied, se défoncer», d’autres encore, comme moi, vont même jusqu’à dire «se crever le c..», se donner du mal, faire de gros efforts, et tout ça pour quoi ? La paie mais pas la reconnaissance du patron. «On se crève le cul pour eux et ils nous foutent à la porte !» peuvent dire certains employés devenus chômeurs, en pensant à leurs patrons. Pourtant certains patrons s’escriment, s’échinent, se battent pour sauver leur boite et des emplois. Qui les remercie ?
Ensuite chômeur, ce ne sera pas la «dolce vita». Pour profiter de la vie, dans notre société, il faut des sous. S’il ne faut pas oublier qu’il y en a qui préfèrent goûter au repos voire s’adonner au farniente parce qu’ils ont la cosse ou la flemme, qu’ils préfèrent se faire du lard, ne pas se fouler (la rate éventuellement), glander, coincer la bulle ou se la coincer, ne pas en foutre une rame ou une ramée… Vous avez compris, j’aime bien l’argot.
S’il «est doux de ne rien faire surtout quand tout s’agite autour de vous», en abuser entraîne relève de la paresse. Chacun sait ce que pensait Caton quand il énonça «L’oisiveté est la mère de tous les vices», moi je ne peux m’empêcher de vous rappeler que la paresse peut être permise voire même considérée comme une qualité pour les gens intelligents (clic).
Le problème vient du grand nombre d’abrutis, malfaisants et fainéants. Il faut pour ceux-là une éducation, puis des règles à respecter enfin des contraintes si l’on veut que la société fonctionne mieux.
Tout commence dans la famille, puis continue à l’école, mais si tout le monde s’en lave les mains… Peur et démagogie, où va-t-on ?
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