Critiqués, malmenés, isolés, mal payés, les profs sont malheureux. En cette période, c’est encore pire et cela dure depuis plus d’un an. Qui s’en préoccupe ? Qui les soutient ? Qui veut prendre leur place ? Qui est capable de prendre leur place ?
Comme dans chaque profession il y peut y avoir des brebis galeuses, tous les enseignants n’ont malheureusement pas la vocation, ni l’amour d’un travail bien fait. Le mythe des enseignants paresseux et maintenant « décrocheurs » est entretenu par de mauvaises langues et des médias corrompus.
Non les enseignants ne sont pas tous des tire-au-flanc ». Si des « milliers de profs n’ont pas assuré leurs propres cours pendant le confinement » selon un grand nombre de médias ,qui ont chanté le même air (on peut dire qu’il y a campagne une campagne de dénigrement), en m’informant auprès de mes enfants et petits-enfants, sur les quatre scolarisés, une seule, en élémentaire, a été privée d’un suivi correct et régulier ; les autres, même celle de maternelle, ont pu bénéficier de cours convenables en vidéo. Les enseignants de la campagne, sans doute dotés de moyens moins performants, ont été, et de loin, meilleurs que ceux de la ville assurant des heures d’enseignement de grande qualité. Merci à tous ces enseignants, souvent oubliés, qui ont été les dignes successeurs des Hussards Noirs de la République, qui ont donné de leur temps, beaucoup d’énergie, de patience et d’amour.
Comment ne pas les admirer et les remercier, eux qui, plus que nous, doivent s’adapter à des directives, des ordres changeants, incohérents, inadaptés aux réalités ?
Comment prendre en charge dans de bonnes conditions des enfants masqués, tous différents, contraints à rester dans des espaces réduits et plus ou moins confinés ?
Non les enseignants n’ont pas été encore plus en « vacances ». Une majorité d’entre eux, même dans le premier degré, ont cumulé cours en vidéo et en « présentiel » alors qu’ils n’étaient pas obligés de le faire. Qui a pensé à tous ces profs qui, par amour de leur métier et de leurs élèves, soucieux de l’avenir de tous, n’ont jamais abandonné leurs écoliers, collégiens ou lycéens ? Difficile d’oublier la moitié de ses élèves quand on est prof !
Quand le Ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, ment (comme tout ce gouvernement et le Président) comment avoir confiance dans le système et ses représentants de base ? Qui « gère » le système ? Qui fait des promesses intenables ? Qui connait la réalité ? Qui vit le quotidien ?
Le ministre a dit enquêter pour savoir combien d’enseignants n’ont pas fait leur travail » et que les chefs d’établissement « savent à quoi s’en tenir », que les chiffres vont remonter. Ce ministre n’a jamais été enseignant (ni même élève) dans l’enseignement public. S’il l’avait été, enseignant du public, il saurait à quoi s’en tenir lui aussi.
Qui se pose la question intéressante du travail d’enseignant ? (Il y a des différences entre les matières enseignées et les niveaux d’enseignement). En temps normal il est facile de quantifier le temps de présence devant les élèves des enseignants et le nombre de notes inscrites dans les bulletins, fiches et livrets scolaires mais ce n’est qu’une partie du travail, qui pense à tout le reste : programmations, préparations, corrections, recherches d’information, etc. ? Tout ce temps-là, variable selon les matières enseignées et la conscience professionnelle des enseignants, échappe à la quantification.
Pendant l’année dernière, certains enseignants ont multiplié les sessions de classe virtuelle, tenté des modes d’évaluation et de cours innovants, inventé mille et une nouvelle façons de faire cours. Tirons-leur notre chapeau ! SI d’autres se sont limités à inscrire des devoirs à faire, corrigés ou pas, les élèves et leurs parents ont pu le constater, il y a eu là un moyen de contrôler en quelque sorte l’implication des enseignants.
La vérité c’est que rien n’a été anticipé avant la fermeture des écoles. La dernière semaine de classe de mars 2020, alors qu’il était certain que l’École allait fermer, le ministre affirmait que la fermeture était exclue.
Alors qu’il aurait fallu envoyer des consignes de préparation de la fermeture : prendre connaissance des outils numériques, les faire manipuler par les élèves et les professeurs, il n’y a RIEN eu. Les enseignants se sont retrouvés sans préparation, sans formation, sans consignes pédagogiques, sans outils fonctionnels, avec des élèves pas plus préparés.
En bons Français, enseignants, élèves et parents se sont débrouillés pour assurer un lien éducatif mais pas une « continuité éducative ». Tous ont travaillé avec leurs outils personnels, l’institution n’ayant rien prévu.
Comment un employeur, qui n’a pas été capable de fournir des outils de travail corrects à ses employés, peut-il critiquer ses employés sur la qualité de leur travail ?
Le ministre de l’Éducation Nationale veut faire oublier l’impréparation, comme celui de la Santé. Ouvrons les yeux : l’État français est une pétaudière et ce n’est pas la faute des enseignants.
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