La honte en expressions

« Ban’ marmay La Rényon, ii gaingn pu koz kréol in merde !  » (Les jeunes de La Réunion n’arrivent plus du tout à parler créole.) Le malheur est, à mes yeux, qu’aujourd’hui certains jeunes Réunionnais ne vivent plus qu’avec deux-cents ou trois-cents mots, massacrant allègrement le peu de langage qu’ils manipulent, tant en français qu’en créole. Ça me rend triste quand j’y pense.

Ceci étant, en métropole le langage s’appauvrit aussi. Dans un pays où les moyens d’enseignement existent, pourquoi ce recul ? Les réformes successives du système éducatif ne seraient-elles que des opérations de démolition de l’instruction ? Qu’est devenu l’ambition de la République qui voulait faire de ses enfants des personnes sinon très érudites mais au moins capables de maîtriser lecture, écriture et calcul. Sans ces connaissances de base, que deviennent les Hommes ? Du bétail. Un troupeau corvéable à merci.

Grosse parenthèse : Taillable et corvéable à merci, bon pour l’exploitation, apte à faire toutes les corvées. Cette expression française nous vient du Moyen-Âge quand l’esclavage existait  et que le serf (l’homme du peuple) devait payer à son maître (son Seigneur saigneur) un impôt en argent : la taille et donnait des journées de travail « bénévoles » : les corvées. Le serf était totalement à la merci du seigneur. En partant de ces deux impôts, le serf était taillable et corvéable à merci, ceci reste valable de nos jours dans des circonstances et réalités différentes.

Je constate que la liberté des entreprises consiste à pouvoir polluer et saccager l’environnement, à être exemptées de taxes « écolos » par le biais des allègements d’impôts et des charges sociales, et à pouvoir disposer de salariés corvéables à merci, facilement licenciés (« remerciés » dit un bel euphémisme) et payés a minima.

Mais pourquoi et comment cette chute ? Laxisme des enseignants ? Vacuité des programmes ? Volonté du pouvoir ? Je m’en-foutisme des élèves ? Démission des parents ? Difficile à dire mais le constat est affligeant, partout le vocabulaire se réduit, les langues s’atrophient. 

Pourquoi laissons-nous faire n’importe quoi ? Pourquoi laisser un CAPES créole unique pour tous les outremers français ? « Ban’ décideurs i fé n’importe quoi !  Boug’là n’a point la honte !  » Ces gens-là n’ont pas honte.

Ds expressions françaises en rapport avec la honte, expressions plus ou moins oubliées comme tant d’autres choses, me reviennent en mémoire. 

Voilà donc une nouvelle petite leçon de français, langue que je voudrais vraiment vivante.

  • À la honte de + substantif : pour le déshonneur (de quelqu’un, de quelque chose).
  • À ma (grande) honte : s’emploie pour indiquer qu’on se sent affecté dans son honneur ou sa dignité (par quelque chose.
  • Avoir (grand) honte (de ou à) : éprouver un sentiment de pénible humiliation en prenant conscience de son infériorité ou de son imperfection.
  • En être pour sa courte honte ; en sortir à sa courte honte : en être pour ses frais.
  • Revenir, (s’en retourner) avec sa courte honte : faire quelque chose après avoir essuyé un affront, un refus, ou sans avoir rien fait de ce qu’on s’était promis de faire.
  • Faire honte à quelqu’un (de quelque chose) : manifester ou dire à quelqu’un qu’il devrait avoir honte de quelque chose ou de faire quelque chose. 
  • Honte à + substantif : s’emploie pour exprimer qu’on condamne et qu’on voue au mépris public qqn qui a commis une action blâmable.
  • Honte sur + substantif. Par exemple : Honte sur toi ! Shame on you, shame, shame, shame (air connu)
  • Substantif + de (la) honte : rougeur de la honte, le rouge de honte, larmes de honte.
  • Verbe + de honte :  rougir, sangloter, crever de honte.
  • Adjectif + de honte : rouge de honte 
  • Être la honte du village.
  • Expression argotique : chier la honte, c’est éprouver beaucoup de honte.
  • Fausse honte, mauvaise honte : honte causée par un scrupule excessif à propos de quelque chose qui n’est guère blâmable.
  • Avoir honte de/à + infinitif par exemple : Il a honte de se montrer ou a contrario Il n’avait pas la moindre honte à raconter son histoire.
  • Avoir honte de + substantif : Il a honte de nous
  • Faire honte (à quelqu’un) à + infinitif.  Il nous fait honte à pleurer ainsi.
Non Jef t’es pas tout seul
Mais tu sais que tu me fais honte
A sangloter comme ça
Bêtement devant tout le monde
 

Malheureusement, de plus en plus, aujourd’hui, certains n’ont honte de rien.

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2 réponses à “La honte en expressions”

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