Inquiétude

Il y a déjà longtemps que je m’inquiète pour l’avenir de mes enfants et petits-enfants. Pourquoi n’ai-je pas agi plus tôt ? Pourquoi ai-je laissé faire l’impensable, petit à petit ? Je ne suis pas la seule à avoir laisser couler mais est-ce une raison pour continuer à ne rien dire,  ne rien faire ?

NON ! Il faudrait enfin agir ensemble. Changer le système de gouvernement, de plus en plus détestable, qui n’a de démocratique que le nom.

« 1984. Quand cette année arriva sans que la prophétie se réalisât, l’intelligentsia américaine chanta discrètement victoire : les fondements de la démocratie libérale avaient tenu bon. »    Neil Postman, « Se distraire à en mourir »

Comme cet auteur, je voyais petit à petit se réaliser les prédictions d’Huxley et d’Orwell. J’avais des inquiétudes pour le sort des Hommes devenus prisonniers d’un système dans lequel le pouvoir fait, de plus en plus souvent depuis deux ans et demi, le choix de la répression pour parvenir à se maintenir et à obtenir un semblant de stabilité sociale.

Ça y est, nous y sommes, les dystopies sont devenues réalité.

Ce n’est plus une fiction : les dirigeants peuvent, un peu partout,  exercer une autorité totale, sans contraintes de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui n’osent plus exercer leur libre arbitre. La répression brutale se met en place, l’intrusion grandissante des états dans l’existence des individus (fichage, traçage…), la division entre deux classes (les gouvernants et les gouvernés), le contrôle brutal des médias, la désinformation, l’abandon aveugle aux nouvelles technologies, le contrôle systématique de la vie privée, l’omniprésence de la violence d’Etat, le règne des petits plaisirs aliénants, celui des téléphones envahissants qui peuvent vous montrer votre interlocuteur et vous « révéler » à lui, des postes de télévision qui ne se contentent plus d’offrir des images mais peuvent aussi en prendre de vous dans vos moments le plus privés comme l’œil du Big Brother de “1984” », des appareils qui peuvent vous écouter, des caméras de surveillance omniprésentes dans les magasins, les lieux publics, les rues, des drones pour suivre tous les mouvements… Voilà pour le matériel mais la domination s’est bien installée : la culture est attaquée, l’enseignement s’appauvrit, l’Histoire s’efface, elle est transformée peu à peu jusqu’à supprimer toute trace des événements ayant précédé l’arrivée des nouveaux « chefs » ; le langage se réduit, sa manipulation va permettre de rendre impossible toute pensée non orthodoxe afin qu’il n’y ait plus de mots pour formuler une révolte et envisager une réalité différente de celle qui nous est imposée.

Ne retrouvons-nous pas dans notre actualité cette obsession de supprimer toute forme de relation intime entre les individus ? Masques, règles de distanciation, couvre-feu, gestes-barrières, distractions interdites… Dans « 1984 », on peut lire :

« Couper les liens entre enfant et parent, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et la femme. Plus personne n’ose faire confiance à sa femme, à son enfant ou à son ami. »

Allez, dormez tranquilles, braves gens, tout va bien, tout est sous contrôle !

« Orwell craignait ceux qui nous priveraient de l’information. Huxley redoutait qu’on ne nous en abreuve au point que nous soyons réduits à la passivité et à l’égoïsme. Orwell craignait qu’on ne nous cache la vérité. Huxley redoutait que la vérité ne soit noyée dans un océan d’insignifiance.

Neil Postman

Où en sommes-nous ? Que laisserons-nous encore faire ?

Quel sera le point de révolte ? Où ? Quand ? Comment ?

Pour l’heure, on laisse faire. Non ?

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2 réponses à “Inquiétude”

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