Les mots

Depuis que j’écris sur ce blog, j’en ai utilisé des mots, courants, simples la plupart du temps, un peu plus recherchés quelquefois, carrément populaires, argotiques d’autres fois. Que voulez-vous, j’aime les mots alors je les fais vivre du mieux que je peux, de peur que certains ne tombent dans l’oubli. Ah les mots, ils ont du poids et peuvent causer des tracas tant à ceux qui les lancent, les jettent, les taisent, les croisent… Bref, on peut jouer avec eux ou tenter de nous jouer avec eux.

Les mots ont des modes, leurs heures de gloire et retournent dans l’ombre. Est-il utile de vous dire à quel point le « panurgisme » a le don de m’exaspérer dans ce domaine ? J’en avais parlé dans un billet de 2015 à cause du portnawak.

En 2019, on a entendu beaucoup (et ça continue) :

  • Pépite : terme utilisé à tort et à travers par la presse, la publicité et le secteur culturel pour désigner une œuvre qui a commis l’exploit de ne pas être mauvaise médiocre.
  • Pookie : titre d’un tube d’Aya Nakamura, mot qui pour moi n’a guère de sens comme le reste des paroles de ses chansons incompréhensibles. Comprenez-vous tout ce qu’elle dit, vous ? Euh, tout simplement écoutez-vous ? Il parait, pour ceux qui se demandent encore si ces sons ont un sens, que Pookie vient du terme « poucave » qui veut dire “balance”. J’espère que ça vous a servi. Moi je ne comprends toujours pas.
  • hashtag : mot-clé précédé du signe #, permettant de retrouver tous les messages d’un micro-blog qui le contiennent. (exemple : les hashtags d’un tweet) ; moi je disais « dièse »..
  • Ère post-#MeToo : dire hastag MeToo. Le monde d’après les déclarations fracassantes de femmes qui ont osé dire non clairement et n’ont pas été entendues ; ou comment expliquer la manière de draguer, séduire, faire l’amour sans être un porc. Voilà.

Cette année avec LE ou LA Covid 19 (Pernault Jean-Pierre a dit Covid 29 au JT. de 13 heures aujourd’hui, euh, pourquoi ce « joli » lapsus ?), nous avons vu refleurir et naître des mots.

  • quarantaine de quatorze ou sept jours ? Abus de langage. (Ma fille et mes deux gendres fêtaient la leur, leurs deux fois vingt ans, ou plutôt il n’ont pas pu le faire). La quatorzaine  correspondrait plus à la réalité du début de crise.
  • confinement : isolement d’un prisonnier ; fait d’être retiré ; action d’enfermer ou fait d’être enfermé dans des limites étroites. Déconfinement et reconfinement.
  • gestion de l’épidémie (mauvaise comme celle du reste de la situation),
  • télétravail,
  • gestes-barrières :
  • distanciation,
  • file d’attente,
  • masque (on ne peut plus dire ‘bas les masques ! » Dommage.) Masque inutile au début.
  • soignant, avec les applaudissements de 20 heures,
  • réserviste, pour soignant remplaçant,
  • respirateur, manquant comme les masques,
  • patient zéro, le premier d’une chaîne,
  • vague : première, deuxième,… troisième,… n.ième.
  • protocole : ensemble des formes à observer dans la vie en société, par tous.
  • vaccin : ce qui immunise, préserve de quelque chose. Je rêve d’un vaccin contre la méchanceté (et la bêtise qui va souvent avec) plus encore que d’un vaccin contre le dernier virus en action. D’ailleurs, je ne fais pas partie de ceux qui ont envie d’être cobaye.
  • jauge : instrument étalonné qui sert à mesurer la contenance d’un récipient ou le niveau de son contenu (exemple : jauge de niveau d’huile d’une voiture). On parle aussi de jauge d’un navire pour parler de la capacité de sa coque (x tonneaux). Le gouvernement a décidé d’une jauge de trente (30) personnes pour les messes.

La jauge  est un mot qui vient du  francique galga « verge, perche » (en latin, c’est metior, qui a donne le mètre) ; cette verge, la baguette en bois longue, fine et flexible servant à frapper, à corriger, à infliger une punition corporelle, a été donnée au Conseil d’État comme badine à réprimander l’exécutif, après que la perche eût été tendue aux évêques rageurs d’être condamnés à ne recevoir qu’une trentaine d’ouailles par service.

Je préfère ne pas citer le mot (anglicisme) « cluster » car le terme FOYER d’infection existe en français et convient très bien. Je pense qu’on oublie trop : esclavage, domination, pauvreté, précarité, chômage, misère, isolement, angoisses… qui sont des dommages collatéraux du Covid.

J’oublie volontairement  les « Nous sommes en guerre » trop agressifs et violents, les « gardons nos distances » qui isolent et séparent.

Si ces expressions conviennent à Macron, surprotégé, qui tient à sa superbe, elles ne me conviennent pas à moi qui vis tous les jours dans le monde réel, obligée de m’adapter et d’agir humainement, avec humanité et non pas humanisme comme on l’entend trop souvent, bonté,  quand je croise les autres et que je rêve de revoir sereinement ceux qui me sont chers.

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