Pour sourire un peu. Nous en avons tous besoin. Connaissez-vous le gaga ? Guillaume Meurice de France Inter vient de le découvrir et nous fait partager son étonnement. Moi, je viens de Grenoble et l’accent grenoblois ressemble bien à celui de Saint-Étienne, il est différent de celui des gones, les Lyonnais. Oui, entre nous on fait bien la distinction. Quant au vocabulaire, le gaga c’est purement stéphanois.
Côté accent, on se retrouve dans ce coin de France (Rhône-Alpes) avec des «an» qui se prononcent « éan » (exemple : « maméan » pour maman). Les « e » sont très rarement prononcés : une s’melle (pour semelle), l’ars’nal (pour l’arsenal) mais nous disons bien déjeuner et non pas déj’ner comme certains bizarres..
Le vocabulaire stéphanois est plutôt riche et incompréhensible même des Grenoblois et des Lyonnais..
Quelques exemples de mots stéphanois typiques :
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- avoir le babaud : avoir le cafard.
- à cacasson : accroupi
- arpion : pied ou doigt de pied.
- babet : pomme de pin.
- berchu : sans dent (on dit la même chose à Grenoble)
- baraban : pissenlit.
- barboton : plat avec des pommes de terre, carottes, tomates et petits pois
- beauseigne : sert à exprimer l’attendrissement, la pitié, la compassion littéralement «le/la pauvre», «bichette» à Grenoble ; c’est l’équivalent du «peuchère» utilisé dans la région de Marseille.
- (avoir) les ébarioles : avoir des vertiges
- se mettre en caisse : se mettre en arrêt maladie (caisse d’aAssurance maladie)
- débarouler : dégringoler (dans les escaliers par exemple ; utilisé à Grenoble aussi)
- fouilla : interjection, exclamation équivalant de « houla »
- vogue : fête foraine
- godiveau : chipolata, saucisse.
- gaga : le stéphanois, l’habitant ou la langue. À Grenoble, un gaga, c’est un toqué, un fada, un débile, comme dans la chanson de Pierre Vassiliu. Bête, idiot dans la région se dit bazut.
- mâchurer : noircir, salir.
- aborgnon: dans l’obscurité ou avec un très mauvais éclairage. Traduisez donc : «Le Jacky y’ rentrait de la pampille, beauseigne, il a débaroulé dans l’escalier tout aborgnon»
- barjaque : personne qui parle à tort et à travers
- barjaquer : le verbe, parler à tort et à travers.
La gastronomie régionale est à découvrir avec ses appellations locales. Il y a :
- les bugnes (que l’on consomme aussi à Lyon et à Grenoble), des beignets de carnaval qui ont le plus souvent une forme de rectangle au milieu duquel est taillée une fente où l’on a fait passer l’une des deux extrémités. Frites dans l’huile, on les déguste saupoudrées de sucre glace le jour de Mardi-Gras.
- le sarasson : proche du fromage blanc, il est tiré du babeurre (petit lait résultant de la fabrication du beurre), par précipitation dans l’eau bouillante. Les grains ainsi formés sont récupérés par égouttage. Consommé frais, il est assaisonné aux herbes (ciboulette, éventuellement ail, sel et poivre) et accompagne les pommes de terre cuites à l’eau ou à la vapeur. À Lyon, on ajoute du fromage blanc à cette préparation, qu’on appelle de la cervelle de canut.
- la râpée : galette de pommes de terre et d’œufs battus, équivalente de la crique ardéchoise ou lyonnaise. On la déguste salée et poivrée. Miam… Plaisir simple.
- la salade de barabans : salade de pissenlits, accompagnée de lardons cuits et/ou d’œufs mollets.
- le barboton : ragoût de pommes de terre, assaisonné de laurier et de thym.
- les matefaims : sorte de crêpes compactes, faites à l’origine avec de la farine de seigle mélangée à de l’eau légèrement salée. Aujourd’hui, l’eau est très souvent remplacée par du lait et on ajoute des œufs.
- les grillatons : sorte de pâté issu de résidus de gras et de viande, cuit à la poêle et servi dans des faisselles à fromage.
- le pâté chaud : quenelles à la sauce tomate, auxquelles on peut ajouter des olives et/ou des mousserons accompagnant généralement le gâteau de foie.
- le gâteau de foie : sorte de soufflé servi comme viande, servi avec du coulis de tomate.
Je finis plan-plan (tranquillement ) mon billet du jour en pensant à ma grand-mère mauriennaise qui me disait souvent au moment du repas quand je tordais le nez sur un plat : « Huit jours sous une benne ! » ou même carrément en patois savoyard « Huit jours sous una benate ». Deux explications sont possibles :
- pour Saint-Étienne : dans les mines, les enfants travaillaient et poussaient les bennes, en cas d’éboulements ou d’explosions, ils pouvaient se retrouver enfermés dans la mine plusieurs jours, coincés sous une benne, avant l’arrivée des secours, quand ils sortaient da là, ils avaient faim : ils ne pichorgnaient plus ; huit jours sous une benne, ça donne de l’appétit.
- en Maurienne d’après ma grand-mère, les poules qui ne pondaient pas beaucoup parce qu’elles mangeaient peu, étaient enfermées sous une benne (un paner d’osier) pour retrouver l’appétit en sortant. Une bénette c’est une sorte de hotte pour porter la terre ou le fumier.
Tant que nous garderons nos spécificités locales, le français restera une langue riche et vivante, pleine de surprises, attisant la curiosité des uns et des autres. Encore faut-il avoir envie de partager et de connaître l’autre.
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