La pantoufle est un chausson d’intérieur sans tige et sans talon, en matière légère et flexible, bref c’est un chaussant confortable que ce soit une mule, une charentaise ou quelque autre modèle. La pantoufle de Cendrillon pose problème et suscite bien des débats : était-elle en vair ou de verre ? Ce n’est pas le sujet du jour, quand je pense à la pantoufle, je pense à celle qui a donné le pantouflage. Connaissez-vous ce mot ?
Le pantouflage est une pratique qui consiste pour un fonctionnaire, en particulier pour un ancien élève d’une grande école, à quitter le service de l’Etat pour celui d’une entreprise privée. Cette navette du public au privé fait généralement l’objet d’une étude au sein de la Commission de déontologie de la fonction publique chargée de contrôler le départ des agents publics dans le secteur privé. Nombre de cas n’ont pas fait l’objet de condamnations judiciaires pour les conflits d’intérêts.
Que penser des choix de va-et-vient de Messieurs Macron et Philippe ?
On peut citer aussi à Laurence Boone, conseillère économique de François Hollande de juillet 2014 à mars 2016, partie ensuite chez Axa tout comme Sandrine Duchêne qui travaillait au ministère de l’Economie et des Finances elle aussi partie chez Axa en 2015 ; Jean-Jacques Barberis qui part de l’Elysée après trois ans de bons et loyaux services, pour une société de gestion d’actifs, Amundi ; Sébastien Dessillons, ancien conseiller en entreprises et en affaires industrielles du Premier ministre Manuel Valls de 2014 à 2016, puis directeur à BNP Paribas ; François Pérol, ex-conseiller économique de Nicolas Sarkozy en 2007, qui est devenu numéro 1 du groupe BPCE (organe central commun de Banque Populaire et Caisse d’Epargne) et tant d’autres… Ces « mutations » paraissent bien françaises, particulièrement ces dernières années. Chez ces gens-là, on s’arrange et on oublie qu’on est au service du peuple et non de ses intérêts.
Les connexions entre les secteurs bancaire et financier, la haute fonction publique et les décisions politiques sont tellement fortes que la volonté de remédier aux dérives de la finance en France n’est qu’une illusion supplémentaire, on laisse passer bien des abus.
Le terme «pantouflage» évoqué plus haut, s’applique aussi aux personnalités politiques qui, à la suite d’un échec électoral ou à la perte d’un portefeuille ministériel, occupent un poste grassement rémunéré dans une entreprise privée, avec des responsabilités limitées en attendant l’occasion de revenir sur la scène politique. Voies de garage très confortables qui ne sont pas ouvertes à tous.
Pourquoi pantouflage ? À l’origine, le mot « pantoufle » désignait, dans l’argot de l’École polytechnique, le renoncement à toute carrière de l’État à la fin des études.
Ceux qui « entraient dans la pantoufle », les « pantouflards », avaient le titre d’« ancien élève de l’École polytechnique » et renonçaient à celui de « diplômé de l’École polytechnique ».
Plus tard, le terme pantoufle a également désigné le montant à rembourser en cas de non-respect de l’engagement décennal (que signent les professeurs issus du concours et qui passent par l’école normale, l’IUFM, Institut de Formation des Maîtres). C’est souvent l’entreprise recrutant l’élève en fin d’études qui s’acquittait de la « pantoufle ».
À l’ENA, on a dû oublier de payer les pantoufles depuis longtemps. Cadeaux ! À qui ?
Si on vous jure que « oui, on l’a fait ; ils ont payé », vous avez le droit d’avoir des doutes quand on sait ce que valent les serments maintenant. Il suffit de penser à Cahuzac ou Benalla. On est mal barré.
Laisser un commentaire