Le bonnet phrygien : un symbole bien français comme je le disais il y a quelques jours, mais à part celui de la Marianne, rouge paraît-il et celui des Schtroumpfs, blanc, je n’ai vu personne porter ce bonnet.
Il parait qu’on a vu les premiers bonnets phrygiens chez les Grecs et les Romains, c’était celui des esclaves affranchis, d’où son lien symbolique avec la liberté.
Certains racontent, en France, que ce bonnet était celui des montagnards catalans et que les premiers révolutionnaires marseillais qui vinrent à Paris le portaient. D’autres encore racontent une version différente : le 31 août 1790, à Nancy, les Suisses du régiment de Chateauvieux se révoltèrent contre leurs officiers et la répression fut féroce : vingt-deux (22) hommes furent pendus, un écartelé (le dernier en France), quarante et un (41) furent envoyés à Brest aux galères, ils seront graciés par l’Assemblée Nationale le 31 décembre 1791. Quand ces condamnés arrivèrent à Paris après un voyage de vingt-cinq jours, ils portaient leur bonnet rouge de bagnards brestois. En mars 1792, le président, les secrétaires et les orateurs du Club des Jacobins se coiffèrent d’un bonnet rouge. Le 19 mars, ce signe fut interdit par la municipalité de Paris et disparut pour quelques jours mais il reparut et fut adopté comme emblème de la liberté et le 15 avril 1792, la fête de la liberté organisée pour les quarante et un soldats arrachés aux galères fit du bonnet de ces bagnards une pièce désormais incontournable du vêtement révolutionnaire. Il devient même un symbole de la République.
En effet, sur proposition de Billaud-Varenne, la Convention publie un décret, le 22 septembre 1792, qui stipule que tous les actes publics seraient datés de la première année de la République. « Le sceau de l’État portera pour légende ces mots : République de France. Le sceau national représentera une femme assise sur un faisceau d’armes, tenant à la main une pique surmontée du bonnet de la liberté. »
Il faut noter en outre que le bonnet phrygien n’a pas toujours été de couleur rouge en France.
* Dans les drapeaux de la garde nationale, en 1789, on remarque que le bonnet phrygien est d’or, bleu, gris.
* Le bonnet qui fut planté par les patriotes au sommet de la grille d’entrée du Palais de Versailles, en avril 1792, comme signe de la souveraineté populaire, était de laine grise.
Par ailleurs, nous entendons souvent dire que la France est en retard sur les États-Unis d’Amérique. C’est une fois de plus le cas en ce qui concerne le bonnet phrygien : plus de vingt ans de retard. Le bonnet phrygien en tant que symbole de liberté, est apparu durant la guerre d’indépendance américaine et on le retrouve toujours sur le drapeau de l’état de New York qui représente deux allégories : à gauche, la déesse de la liberté, porte une lance avec un bonnet phrygien symbolisant l’indépendance ; à droite, la Justice, les yeux bandés en portant une épée et la balance de la justice.
Si notre actuelle révolte des bonnets rouges est reprise, oserai-je écrire « à droite et à gauche », elle n’est pas la première en Bretagne. La première « révolte des bonnets rouges », révolte populaire, en Bretagne, sous Louis XIV, eut lieu entre avril et septembre 1675, contre les empiétements illégaux du pouvoir royal : taxe sur la vaisselle d’étain, le tabac, et création du papier timbré. Ces nouveaux impôts s’ajoutent à une situation économique difficile en Bretagne. Tiens, tiens… On a appelé cette révolte : révolte du papier timbré ou encore révolte des Torreben (« casse-lui la tête »). Retenez aussi que dans le centre-ouest de la Bretagne où la révolte fut plus violente, le bonnet porté par les insurgés était de couleur rouge, tandis qu’il était bleu en pays bigouden.
Alors une prochaine révolte : rouge ou bleu… marine ?
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