Drôle d’époque

Oui, c’est vraiment une drôle d’époque. Je ne parle pas des saisons qui n’en font qu’à leur tête mais du règne des apparences. Je n’ai pas envie de vous parler du « bling-bling », ni de la « gauche caviar », ni même des réputations qu’on n’essaie même plus de se faire puisque la première catin venue peut devenir admirable (je pense à Zahia qui se prostituait et qui est devenue styliste en lingerie ; bien sûr, j’y crois très fort). Non j’ai envie de vous parler de cette époque en toc.

Cette époque est en toc. Tout est faux. Le mensonge règne en maître.

On ment pour se protéger et on prend les autres pour des demeurés. Moi, ça me fatigue. On ment dans le monde politique : voir Jérôme Cahuzac, le 4 décembre 2012 : «Je n’ai jamais disposé d’un compte en Suisse ou ailleurs à l’étranger. Jamais». Il dit ça en nous regardant presque dans les yeux. Pas de honte pour dire le contraire et faire des aveux ensuite ? Le bonhomme est pourtant sain d’esprit puisque l’ancien ministre du Budget, radié du PS, aurait déclaré : « c’est moins grave de mentir pendant 15 secondes devant 57 députés que de mentir depuis un an sur l’état de la France, comme le fait François Hollande », c’est une déclaration de J.C. selon Le Figaro. On ment pour faire bonne figure ou même quelquefois pour nuire mais ça, c’est une autre histoire. Moi j’ai envie de vous mettre bien sous les yeux ce culte du faux qui, il me semble, ne choque personne.

J’ai regardé il y a quelques mois un reportage sur les imitations, les copies nuisibles à l’économie, à l’industrie. En 2012, les douanes françaises ont saisi plus de 4,5 millions d’articles contrefaits d’une valeur de 80 millions d’euros. Ces imitations de produits de grandes marques se retrouvent partout dans l’Hexagone, sur Internet et dans certains commerces. La vente de ces copies représenterait un manque à gagner de six milliards d’euros et certains objets présentent un réel danger pour les consommateurs, des jouets, des pièces automobiles, des parfums et même des médicaments. Pourtant au delà de ces organisations mafieuses qui produisent et vendent des contrefaçons il y a du toc, des faux  officiels.

Le toc c’est quoi au juste ? Une imitation sans valeur d’une matière ou d’un objet précieux, un bijou notamment mais c’est tout ce qui a l’air de… mais qui n’est pas. Très tendance en ce moment : la cigarette sans tabac appelée aussi « clopinette » (je vous rappelle qu’en argot  des clopinettes, ça veut dire : rien, nada, que dalle… Alors dans le même esprit, on fume sans tabac, on boit, non pas sans soif, mais sans sucre (avec aspartam ou autres édulcorants ) ou de la bière et du vin sans alcool (il existe des versions de champagne pour enfants : le « Champomy », pour faire comme les grands ; devenir des poivrots ?). J’ai beaucoup de mal à imaginer du vin sans alcool, du jus de raisin sans le sucre « apparent » ; étrange de trouver ça en France. Le café et le coca sans caféine, des trucs bizarres.

Certaines époques (pas si lointaines) obligeaient à trouver des produits de remplacement : des ersatz, un mot d’origine allemande ; ersatz dit aussi succédané : la chicorée est un ersatz de café (il parait que les glands grillés ont servi aussi pendant la Deuxième Guerre Mondiale). La margarine remplace le beurre, les œufs de lump le caviar, et les topinambours ainsi que le rutabaga ont remplacé, un moment, les pommes de terre. Alors finalement le cheval à la place du bœuf…

J’ai envie d’ajouter que même le bac est faux aujourd’hui. Reconnaissez qu’il n’y a pas beaucoup d’efforts à faire pour s’en convaincre. Tout le monde sait que le diplôme seul ne sert plus à rien et que côté passeport pour les études supérieures, c’est plutôt fini quand on voit le niveau de l’orthographe, la qualité de la rédaction, l’esprit d’analyse et de synthèse et les moyennes de 20/20 au bac. Cette année, on joue les étonnés avec une académie qui a officialisé la notation sur 24 au lieu de 20. Ce n’est pas nouveau. J’ai été prof et c’est bien pire que ce que vous pouvez imaginer. Il existe d’excellents élèves mais le système est prêt à les pénaliser pour rattraper les nuls qu’il a créés et qu’il trimballe des bancs d’une classe à ceux de la classe supérieure.

Notre société veut tout et son contraire en même temps. La retraite : travailler plus tard (à 25 ans), cotiser moins longtemps et garder les mêmes pensions… Vivre plus vieux mais sans être malade. Abuser de l’alcool, de la bouffe et ne pas être en surpoids. Profiter du sexe sans précaution sans que le SIDA et les MST soient en recrudescence…

En clair, on veut le beurre, l’argent du beurre, la crémière par dessus le marché, le tout sans cholestérol et sans stress. Attention pas d’infarctus !

Commentaires

8 réponses à “Drôle d’époque”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *