«On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans» écrivait Arthur Rimbaud. J’ai envie de lui répondre «Pas si sûr !» J’adore ses (ces) mots et l’ambiance générale de ce poème, pourtant avant l’été et les vacances, il y a le bac et les devoirs de philo. On rêve d’amour et l’on est sérieux aussi quand on a dix-sept ans. Trop quelquefois…
A dix-sept ans, j’étais amoureuse, malheureuse. Camus, Sartre, Kirkegaard ou Nietzsche peuplaient mes jours. Je naviguais entre les rêves et les cauchemars : idéal, bonheur inaccessibles, absurde, solitude, suicide… Le texte que je connaissais par cœur et que je servais à toutes les sauces était extrait du «Mythe de Sisyphe» : «Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois dimensions, si l’esprit a neuf ou douze catégories, vient ensuite. Ce sont des jeux ; il faut d’abord répondre. Et s’il est vrai, comme le veut Nietzsche, qu’un philosophe, pour être estimable, doive prêcher d’exemple, on saisit l’importance de cette réponse puisqu’elle va précéder le geste définitif. Ce sont là des évidences sensibles au cœur, mais qu’il faut approfondir pour les rendre claires à l’esprit.»
A dix-sept ans, voilà quelle était ma question permanente, résumée en « To be or not to be » et c’est un incommensurable problème. J’ai soixante ans cette année. Entre temps… Depuis… La vie. Normale (adjectif au goût de notre président). Des hauts, des bas, des surprises, des colères et finalement l’envie de se battre, de continuer, pourquoi ? Comment ? A voir au jour le jour. Est-on véritablement maître de sa vie ?
1970 et des souvenirs en musique : «Rien qu’un homme» interprété par Alain Barrière illustrée par des photos de Bretagne.
Je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme
Qui traîne sa vie aux quatre vents
Qui rêve d’été et de printemps
Lorsque vient l’automne et les tourments
Mais c’est monotone, monotone
De me supporter depuis si longtemps
Et la même gueule et le même sang
Coulant dans mes veines d’un même courant
Je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme
J’ai perdu mon coeur depuis longtemps
Et qu’on me pardonne, me pardonne
Si je ne sais plus que faire semblant
Je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme
J’ai brûlé mes ailes aux soleils brûlants
J’ai fermé ma porte, oui qu’importe
Pour cause de rêve ou de testament
Si je me rappelle, me rappelle
Que la vie fut belle de temps en temps
Je ne saurai taire pour bien longtemps
Ce que me coûtèrent ces beaux moments
Mais y a rien à faire, rien à faire
Car je sais trop bien qu’au premier tournant
Au premier sourire, au premier bon vent
Je retomberai dans le guet-apens
Je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme
Et j’aime la vie si je m’en défends
Elle le sait bien cette poltronne
Qui donne toujours et toujours reprend
Et qu’on me pardonne, me pardonne
Si je n’y crois plus que de temps en temps
Je sais que personne, non personne
N’a jamais su dire le chemin des vents
Je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme
Et je vais ma vie au gré des vents
Je crie, je tempête et je tonne
Puis je m’extasie au premier printemps
Je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme
Entre goût de vivre et goût du néant
Entre Dieu et Diable, il faut voir comme
Je plie, je succombe et je me repens
Je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme
Et je vais ma vie au gré des vents
Et qu’on me pardonne, me pardonne
Si je n’y crois plus que de temps en temps.
*****
Je philosopherai un autre jour.
Laisser un commentaire