Comme je vous l’ai dit les avions d’Air Austral portent un nom ; l’un d’eux a été baptisé : Léon Dierx (1838 – 1912), poète parnassien mais aussi peintre à ses heures, ce qui est moins connu.
Léon Dierx naît le 31 mars 1838 dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Deramond-Barre ; voir la photo en cliquant là. (C’est là qu’est né Raymond Barre, ancien Premier Ministre de la France). Léon est l’aîné d’une famille de dix enfants. Son père était propriétaire d’une entreprise commerciale. L’enfance et les premières années d’adolescence sont heureuses et faciles mais à l’âge de quinze ans, Léon Dierx s’éprend d’une de ses cousines et il est envoyé à Paris où il termine ses études secondaires au Lycée Henri IV. Il retrouve dans la capitale le Réunionnais Émile Bellier, se lie d’amitié avec celui qui va devenir non seulement un très grand ami, mais également un condisciple en poésie.
Ses premiers vers sont pétris de nostalgie. En 1858, il publie son premier recueil «Aspirations», il a vingt ans. Le poète y raconte ses premiers émois et les souffrances d’un jeune Créole exilé.
De retour sur son île, il apprend que son amour de jeunesse est fiancé. Inconsolable, Léon Dierx voyage pour oublier son tourment. Après plusieurs séjours en Afrique du Nord, Allemagne, Italie, il revient en France où il fréquente les différents cercles littéraires. Il se fixe en 1860 à Paris où il fréquente les milieux artistiques, se lie avec Leconte de Lisle, Réunionnais lui aussi.
En 1864, il fait partie des poètes parnassiens qui se réunissent autour de Catulle Mendès, avec Sully Prudhomme, Villiers de L’Isle-Adam, José-Maria de Heredia, Paul Verlaine, Leconte de Lisle et bien d’autres. Il fait la connaissance de Guy de Maupassant
lors de sa collaboration à La Revue fantaisiste, ce dernier lui dédiera en 1883 sa nouvelle «Regret».
En 1880, il obtient la Croix de la Légion d’Honneur.
En 1885, Il fait partie du groupe de poètes qui veille le corps de Victor Hugo à l’Arc de Triomphe le 22 mai.
Sacré prince des poètes à la mort de Stéphane Mallarmé en 1898, Léon Dierx a toujours fui les honneurs. Il s’est éteint en 1912 à Paris ; un monument est érigé à sa mémoire place des Batignolles.
L’année du décès de Léon Dierx, le nouveau musée d’art de Saint Denis est inauguré et reçoit son nom. Un buste du poète est installé à l’entrée de ce musée en 1920.
Et pour terminer un poème de Léon Dierx :
Les nuages
Couché sur le dos, dans le vert gazon,
Je me baigne d’ombre et de quiétude.
Mes yeux ont enfin perdu l’habitude
Du spectacle humain qui clôt la prison
Du vieil horizon.
Là-bas, sur mon front passent les nuages.
Qu’ils sont beaux, mon âme ! et qu’ils sont légers,
Ces lointains amis des calmes bergers !
S’en vont-ils portant de divins messages,
Ces blancs messagers ?
Comme ils glissent vite ! – Et je pense aux femmes
Dont la vague image en nous flotte et fuit.
Le vent amoureux qui de près les suit
Disperse ou confond leurs fluides trames ;
On dirait des âmes !
Rassemblant l’essor des désirs épars,
Ivre du céleste et dernier voyage,
À quelque âme errante unie au passage,
Mon âme ! là-haut, tu me fuis, tu pars
Comme un blanc nuage !
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