Après une agréable journée de dimanche, soleil, promenade, farniente, etc, j’ai regardé la télévision, vaguement François Hollande puis une émission intéressante, ce 9 septembre 2012, « Enquête exclusive» avec un sujet brûlant, non pas la crise mais les drogués.
J’ai découvert le Skenan (Sulfate de morphine), médicament destiné à soulager les malades atteints de cancer, qui est maintenant détourné par des drogués pour ses effets « bénéfiques » les premiers jours. Malheureusement ces cachets créent rapidement une accoutumance et les consommateurs sont très vite en manque, d’où des moyens malhonnêtes pour se procurer le «poison».
En caméra cachée, on en prend plein les yeux et plein les oreilles. On peine à croire ce qu’on apprend. Je résume : un drogué, celui qui est le fil conducteur de l’enquête avec micro et caméra cachés, à visage «flouté», explique comment il est à la fois consommateur et revendeur.
Pour se fournir en drogue, il a deux moyens : des ordonnances qu’il rédige lui-même et des ordonnances rédigées par des médecins, ce qui coûte une centaine d’euros par jour à la Sécurité Sociale.
Les ordonnances qu’il rédige lui-même viennent d’un ordonnancier (une liasse d’ordonnances vierges) volé dans un hôpital. Elles ne portent pas le nom d’un médecin mais sont à en-tête d’un hôpital. Les ordonnances «vraies» sont rédigées par des médecins complaisants grâce à des «cartes vitales» empruntées, certaines permettant même une gratuité totale puisqu’elles sont attribuées à des malades bénéficiant du statut d’ ALD (affection longue durée). Ces médecins complaisants encaissent via la Sécu et les «cartes vitales» le prix d’une consultation par carte, soit vingt-trois euros (23 €) et cinquante euros (50 €) en espèces qui rentrent directement, nets d’impôts, dans leurs poches.
Les médicaments ainsi obtenus sont consommés par le drogué et sa compagne pour partie, le reste étant revendu ce qui leur permet d’encaisser environ mille quatre cents euros supplémentaires par ordonnance (revenus non imposables).
Les médicaments sont quasiment tous achetés dans la même pharmacie dont la patronne connait bien le client. Il s’agit pour le coup d’une pharmacienne fort aimable et peu regardante.
A la fin du reportage, on apprend que le drogué «dealer», qui parle de système D, est en prison mais qu’en est-il des médecins et pharmacien(s) ?
La Sécurité Sociale ne peut-elle contrôler ces dépenses abusives ? Elle contrôle bien le remboursement des génériques (qui peuvent être plus chers que les originaux).
Je suis d’autant plus choquée que la semaine dernière j’avais entendu :
– des gens modestes se plaindre de ne plus pouvoir se soigner,
– et surtout, une pharmacienne mise à l’index pour ne pas avoir délivré suffisamment de médicaments génériques.
N’êtes-vous pas choqués ? Moi je le suis.
Par ailleurs, j’ai été malade, il y a déjà cinq ans pendant environ dix-huit mois consécutifs, je n’ai pas bénéficié du statut «longue maladie», j’ai fait les avances de frais quelquefois et même, j’ai payé – sans pouvoir être remboursée – une aiguille pour biopsie, environ quatre-vingt-dix euros. Il ne s’agissait nullement d’un produit de confort (analyse d’une tumeur) surtout quand je pense à la douleur, aux souffrances physique et morale, liées à cette biopsie faite sans anesthésie et à mes frais. Médecine de sadiques ?
Je veux bien croire que les drogués sont des personnes en souffrance mais n’est-il pas possible de limiter certains trafics ? N’est-il pas possible de soigner ces malades, de les désintoxiquer plutôt que de leur fournir gratuitement des «kits-drogue» dans des distributeurs ?
J’ai découvert le Skenan hier au soir mais l’affaire n’est pas récente, je viens de lire un article du 20 juin 2012 paru dans Nord éclair.
Drôle de monde où le fric pourrit tout. Drôle de pays dans lequel les règles et les lois sont à géométrie variable. Drôle de Sécurité Sociale qui écarte certains pour en privilégier d’autres. Drôles de médecins qui au lieu de respecter le serment d’Hippocrate ont un comportement d’hypocrite.
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