Que pensez-vous de cette société qui nous stresse et nous démoralise ? Allons-nous accepter ce qui se passe, sans rien dire, longtemps encore ? Que sont devenus les Indignés ? Désespérés à leur tour ? Muselés ? Et nous, que faisons-nous ? Pas grand chose à part râler et nous plaindre, un peu, pas trop fort.
Comme vous, j’ai eu ma lettre annuelle de fin de vacances. J’ai regardé la feuille d’impôts. Ils augmentent beaucoup, beaucoup trop ces prélèvements obligatoires. Si au moins, l’argent collecté n’était pas gaspillé par nos élus (la construction des conseils régionaux pharaoniques est un bel exemple de leur folie des grandeurs) mais nous les laissons faire. D’ailleurs comment les en empêcher ?
Moi qui ne suis pas née avec une cuillère d’argent dans la bouche, j’ai appris, depuis mon enfance, à faire attention à mes dépenses et je dois continuer. Sans être radine, je reste toujours un peu fourmi ; à cause de mon éducation je ne peux être une cigale. Certains ne se posent pas ces questions, ils dépensent l’argent qu’ils n’ont pas, ensuite il y a les commissions de surendettement… Mais là, ça devient dur, vraiment trop dur pour ceux qui réfléchissent et essaient de vivre selon d’anciens principes d’économie ménagère. Trop, c’est trop. Se priver, limiter sa consommation pour pouvoir payer ses impôts. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas non plus comme ça qu’on relancera la consommation.
Voilà ce que je constate : ma pension de retraite diminue. Mon mari travaille encore, mais pour atteindre le maximum des annuités et obtenir une retraite plus faible… Nous avons élevé, éduqué trois enfants. Ils ont fait des études supérieures que nous avons prises en charge. Aujourd’hui, mon fils (le petit dernier), ingénieur en informatique, ne trouve pas de travail à Toulouse ou dans la région. Il a quitté la Réunion où ce n’était pas plus positif ; je crois qu’il prendrait maintenant n’importe quel emploi rémunéré, mais rien pour le moment, juste des promesses, des mises en attente. Comment casser le moral et la vie d’un jeune… et ceux de sa mère aussi quelquefois.
Quant à ma deuxième fille (ingénieur chez Peugeot), elle et son mari vivent, voire vivotent à Paris malgré leurs salaires, ils croulent sous le poids des charges diverses : loyer, transport… et des impôts (IRPP, Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques, multiplié par vingt pour eux cette année, alors qu’ils viennent d’avoir un bébé et que ma fille a pris un congé parental. (Je crois qu’ils auraient meilleur compte à ne plus travailler et/ou à partir en province). Est-il acceptable de voir qu’avec 4 800 € de revenus mensuels l’impôt sur le revenu se monte à bien plus de 7 000€ pour un jeune couple ? Dans le même temps, ces revenus ne permettent pas à ce même jeune couple d’obtenir un bail de location sans caution des parents ? N’y a-t-il pas d’abus de ceux qui ont le pouvoir : les agents immobiliers et certains fonctionnaires des impôts ou d’ailleurs ? La loi est-elle réellement bien appliquée ? A voir…
Que sont devenus tous nos espoirs, toutes nos espérances de soixante-huitards ? Maintenant, je me sens mal, coupable. Coupable d’avoir laissé les choses se dégrader. Depuis les années 80 (et l’arrivée de la gauche au pouvoir), la classe ouvrière de France a perdu des acquis obtenus après de longues luttes au cours des décennies passées. Je pense à ma grand-mère, au Front Populaire, aux piquets de grève… aux congés payés, à la sécurité sociale… Retraite à soixante ans, trente-cinq heures par semaine… beaucoup de baratin et surtout la création d’inégalités dans le monde des travailleurs. Diviser pour mieux régner peut-être ?
Par le biais du chômage de masse et même du chantage à l’emploi, le patronat et les gouvernements successifs ont réussi à museler les syndicats, les ont amené à participer à la gestion des entreprises dans l’intérêt de la collectivité économique, comme si les travailleurs, l’Etat et les représentants de la finance internationale avaient des intérêts communs. Faut pas rêver !
Les médias (les journalistes ont de sacrés avantages fiscaux) et les politiques ont pourtant réussi à culpabiliser les travailleurs qui se battaient pour leurs droits et pour leurs salaires. Il y a maintenant les privilégiés et les autres pour qui sont revenus la précarité, l’intérim, les petits boulots, le temps partiel non choisi, les heures supplémentaires non payées… C’est sous le gouvernement Mitterrand, qu’a été supprimée l’échelle mobile des salaires. Petit rappel : l’échelle mobile des salaires est un dispositif basé sur la négociation permettant d’indexer les salaires sur l’indice des prix et permettant de maintenir le pouvoir d’achat des salariés face à l’inflation. Elle a été introduite en France en juillet 1952 sous la présidence de Vincent Auriol (SFIO) et le gouvernement d’Antoine Pinay (RI). Elle a été supprimée en 1982 quand François Mitterrand était président, Pierre Mauroy, Premier Ministre et Jacques Delors, ministre des Finances. Il faut être réaliste, honnête, la gauche n’a pas fait que du bien aux travailleurs.
Aujourd’hui, face aux revendications des travailleurs, ceux là même qui exhibent (plus ou moins) leurs richesses démontreront l’impossibilité de concrétiser les espérances, il suffirait pourtant de penser différemment : partager le temps de travail, les emplois et surtout les richesses. Notre président normal ne se laisse-t-il pas manipuler par certains hommes de l’ex-gauche-caviar, une gauche un peu bling-bling, non ? Pourquoi ne toujours pas taxer les œuvres d’art ? Permettre à certains de prospérer en douce.
Aujourd’hui, il me parait indispensable d’être juste, de rendre espoir, honneur et dignité à tous en faisant participer tous les citoyens à l’activité économique. Utilisons les compétences, arrêtons les gaspillages, le misérabilisme et l’assistanat. Pour avoir bonne conscience, il y a mieux à faire que redistribuer de l’argent, sans réfléchir, souvent à ceux qui crient le plus fort.
De l’argent, il y en a encore dans certains coffres et il existe beaucoup virtuellement. Redresser la situation est une question de volonté : il faut consentir à certains sacrifices. C’est douloureux, dangereux, mais « qui ne risque rien n’a rien ».
Ce n’est pas au peuple de payer les errements de quelques nantis.
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