Je vous faisais part, il y a quelques jours de mon énervement lorsque j’entendais des mots inappropriés ou plutôt ces euphémismes qui me hérissent, comme mal-entendants, ou personne de couleur ou encore croissance négative. Celle-là, je trouve que c’est bien la meilleure ; croissance nulle : surprenant ! Si c’est nul, c’est zéro, rien, nada, que dalle… Croissance négative, c’est la récession, le recul et pourtant aujourd’hui, je vais trouver autre chose que la crise, je choisis de m’arrêter sur le mot SOURD et les expressions dérivées.
Qu’est-ce qu’un sourd ? Je le répète, soyons clair et appelons un chat un chat. Un sourd est un individu privé du sens de l’ouïe ou atteint d’une baisse unilatérale ou, pire, bilatérale, du sens de l’audition qui empêche d’entendre certains sons. Un sourd peut-être simplement mal-entendant, et dans ce cas-là on dit qu’il est dur d’oreille (ou dur de la feuille), mais il peut être complètement sourdingue (c’est populaire d’accord, mais au moins c’est net, et vous le savez «la caque sent toujours le hareng», je me lâche, je retrouve mes racines populaires et paysannes). Donc on peut être sourd de naissance, être devenu sourd par maladie, accident, âge ou excès de bruit, on peut l’être complètement, légèrement, à moitié, un peu, au trois quarts.
Pas facile d’être sourd comme un pot, ou même comme une pioche… Encore que… c’est reposant et ça évite d’entendre trop de conneries. On se protège comme on peut. Être complètement sourd, c’est ne rien entendre, la sagesse populaire ne précise-t-elle pas qu’»il vaut mieux entendre ça que d’être sourd». Et vous, allez-vous me répondre «Je ne suis pas sourd/sourde», non parce que je parle trop fort mais parce que je me répète. Je suis bien obligée de seriner, dire et redire, il y a toujours des nouveaux venus ici, sans compter ceux qui ne veulent pas comprendre (il n’est pire sourd que celui qui ne veut rien entendre).
La question «Êtes-vous sourd/sourde ?» sert simplement à attirer l’attention de quelqu’un qui feint de ne pas entendre, de ne pas comprendre ce qui vient d’être dit ou qui réagit lentement à un ordre, un appel, etc. N’avez-vous jamais crié «Es-tu sourd, je t’ai demandé de mettre la table» ? C’est sans doute parce qu’il est l’heure de déjeuner ou de dîner et que «ventre affamé n’a pas d’oreille».
Combien d’autres expressions de la surdité ? Je suis dans le train et j’ai le temps de réfléchir au lieu de dormir. (Mon voisin dort et ronfle, pas très fort, mais quand même… ça me fait sourire. Je l’entends, je ne suis pas sourde. En plus, je crois que tout le monde ronfle. Pour l’heure je suis sûre que personne ne fait concurrence à mon amie Nadine côté décibels de ronflement). Je ne dors pas et je pense donc à des expressions :
♦ Crier, taper, frapper, comme un sourd, c’est-à-dire très fort, avec une extrême violence (mais non, pas sur mon voisin, poli et souriant, avant de dormir). Je le laisse en paix, j’écris.
♦ Autant parler à un sourd ; comme si on parlait à un sourd ; parler pour les sourds. Parler sans être écouté, en pure perte, se dit à propos d’une personne avec laquelle il est impossible de discuter, qui ne tient aucun compte de ce qui est dit. Moi, je dis c’est user sa salive pour rien ou «pisser dans un violon» plus trivial encore ; c’est un dialogue de sourds.
♦ A contrario, il y a le «Ne pas tomber dans l’oreille d’un sourd» en parlant d’un conseil, d’un avertissement, d’un propos quelconque qui sera pris en considération par quelqu’un à qui le propos n’était pas nécessairement destiné mais qui est décidé à en faire son profit, à en tirer parti, pour faire l’intéressant, médire, réussir. C’est selon…
♦ Faire le sourd ou faire la sourde oreille ou encore faire sourde oreille, c’est faire semblant de ne pas entendre ce qui est dit, ignorer des propos, refuser d’accéder à une demande.
Il est près de midi et mon estomac se manifeste. Il gronde faiblement mais avant que les borborygmes ne s’amplifient, je vais aller me sustenter. Je ne peux rester sourde à de telles manifestations.
Laisser un commentaire