J’ai été une jeune «soixante-huitarde», révoltée, convaincue que le monde pouvait changer si on s’en donnait la peine, et j’ai refusé l’avenir qu’on m’avait tracé (fille de « prolo »= pas d’études longues, même pas de bac ! ). Heureusement ma grand-mère, toujours elle, me soutenait dans mes idées « révolutionnaires »(euh, soyons honnête, presque… pour les études d’accord, pour le reste, moins).
En septembre 1968, à quinze ans à peine, j’ai connu mes premières grosses désillusions, en politique (oui, politique : ce qui a rapport à la société organisée). Nous nous étions faits avoir, nous les lycéens. Je l’ai vite compris. Les autres ? Quelques avancées, c’est vrai.
Au lycée, l’autodiscipline a permis de supprimer des postes de « pions » dans les lycées ; la notation par niveaux n’a pas été comprise (par les professeurs, ni par les parents ni par une majorité d’élèves : A, A+, A-, etc, notes sur quinze au lieu de sur vingt, un peu comme quand je transforme les euros en francs ; difficile de changer ses repères) ; enfin les délégués de parents ou d’élèves dans les classes et dans les conseils de classes, pff… Motivés ? Efficaces ? Ecoutés ? Et les profs, pourquoi se sont-ils tus, pourquoi ont-ils laissé faire ? J’en parlerai un autre jour de ces acquis foireux qui n’ont pas été ceux que l’on attendait. J’ai eu le sentiment qu’on nous avait offert des ballons percés. Nous avons été les dindons de la farce. Quelques avancées après mai 68, mais des conséquences fâcheuses à long terme pour ce vent de liberté… C’est une opinion toute personnelle. (J’ai l’impression d’être un ancien combattant qui dirait « tout ça pour ça ! »)
En 1968, la révolte, somme toute, était encore bon enfant, même si c’était la « chienlit » en France, cette vague de révolte, qui montait un peu partout, n’a pas suffi pour changer le monde. On la musèle rapidement la révolte. En cliquant sur les mots en couleur, au-dessus, vous retrouverez mon premier article sur mai 1968.
Et dire que bon nombre de soixante-huitards sont rentrés dans le rang des bourgeois, en silence, sans le dire… Ils ont oublié les slogans de l’époque. Les jeunes intellectuels de gauche se sont, pour la plupart, embourgeoisés et comme le chantait Jacques Brel « Les bourgeois c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient con. » Si on les laisse faire, on ne va pas s’en sortir de si tôt.
Une révolution alors ? C’est vrai que la révolution est plus violente et plus radicale : on veut transformer absolument l’état existant. La révolution est active (pas de fleurs dans les cheveux ou au fusil) ; elle est peut-être plus rationnelle, elle cherche à détruire systématiquement l’existant et elle souhaite construire un ordre nouveau. Sacré travail ! Certainement pas dans la douceur. Au Karcher, au moins pour l’opération de nettoyage initial.
Che Guevara (ben oui, on a les références qu’on peut ou qu’on veut), donc je disais que le Che avait prononcé ces mots là :
Les révolutions sont moches mais nécessaires.
Y en aura-t-il une bientôt en France ? Effrayant ? Oui. Indispensable ? Sans doute.

Laisser un commentaire