Les Grenoblois

Les Grenoblois sont-ils des précurseurs, des révolutionnaires ou de sombres crétins des Alpes ? Enfin, comme dirait la publicité, ça c’était avant. C’était ce qu’on pouvait croire avant que Grenoble ne se développe et devienne un melting-pot, somme toute bien tranquille.

Tout au long de son histoire, les Grenoblois se distinguèrent par des actions progressistes dans les sphères politiques et sociales. Il me semble que les Grenoblois actuels sont, vus de loin, bien calmes aujourd’hui.

Ce fut à Grenoble que se firent sentir les prémices de la Révolution française en 1788. La population se mobilisa en effet pour défendre ses parlementaires lors de la Journée des Tuiles (clic pour en savoir plus) en attaquant les troupes royales, ce qui aboutit à la tenue des États de Vizille, qui entraînèrent en 1789 la convocation des États généraux. Antoine Barnave et Jean-Joseph Mounier (à l’origine du fameux serment du jeu de Paume) furent d’illustres acteurs grenoblois durant la Révolution. (Je suis née juste la porte en face de la maison de Barnave.)

La première société de secours mutuels de France fut créée le 1er mai 1803 entre les ouvriers gantiers grenoblois. Elle fut suivie par d’autres organisations semblables comme celle des cordonniers le 25 juin 1804, des peigneurs de chanvre en juillet 1804, des mégissiers, chamoisiers, tanneurs et corroyeurs le 24 juin 1807, des tisserands, drapiers et tapissiers en juillet 1808.

C’est également à Grenoble que virent le jour les trois premières sociétés mutualistes féminines en 1822. Toutes ces associations mutualistes se regroupèrent dans une maison de la mutualité située 3 rue Hébert (au centre du quartier de la Mutualité aujourd’hui) et avaient les mêmes objectifs. Elles visaient, en échange d’un droit d’affiliation et d’une cotisation mensuelle, à protéger l’ouvrier et sa famille, en cas de maladie, par le versement d’une allocation. Certaines versaient également des indemnités de chômage, voire des pensions aux vieillards. Ce système de prévoyance ne concernait cependant qu’une partie de la classe ouvrière, les plus pauvres en étant exclus.

Les Grenoblois s’illustrèrent également durant la Seconde Guerre mondiale dans leurs actes de résistance face à l’occupant. Suite à l’arrivée allemande en 1943, les affrontements se firent de plus en plus violents (attentats, arrestations multiples, Saint-Barthélemy grenobloise). Sur les antennes de la BBC, la France libre affubla Grenoble du titre de Capitale des Maquis. Le 4 mai 1944, la ville fut nommée compagnon de la Libération par le général de Gaulle pour son rôle dans la Résistance française.

Le 10 juin 1961, Grenoble ouvrit le premier planning familial de France, ce qui représenta alors une étape essentielle dans le combat mené par les défenseurs d’une maternité libre et choisie.

Le maire Hubert Dubedout fut également à cette époque une des figures du socialisme municipal et Grenoble un véritable laboratoire urbain en France.

Les Grenoblois se sont également fortement mobilisés lors des différentes protestations qui eurent lieu en 2002 suite à l’arrivée du Front national au second tour des élections présidentielles.

Ils ont également défrayé la chronique pendant plusieurs mois entre 2003 et 2004 suite au mouvement des écocitoyens opposés à la construction du stade des Alpes dans le parc Paul Mistral. De nombreux opposants se sont alors installés à la cime des arbres centenaires avant d’être délogés par les forces de l’ordre.

Vous pouvez le constater, à Grenoble, il y a eu souvent des mouvements de résistance, de rébellion. Les Grenoblois étaient des citoyens actifs et Grenoble n’avait rien d’une petite ville endormie au pied des montagnes.

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