Chaque année, où qu’ils soient, les Tibétains commémorent le 10 mars 1959 pour rappeler au monde que des Tibétains sont morts pour la liberté et pour qu’ils ne soient pas morts en vain. Leur mort fut un sacrifice juste et noble, consenti pour que puisse renaître un Tibet libre et indépendant. Mourir pour une idée… Brassens a rajouté «oui mais de mort lente», ce qui ne fut pas le cas.
Peu après la prise du pouvoir par l’Armée populaire de libération et la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949, Mao-Zedong (ex Mao-Tse-Tong, dit plus simplement Mao) et les autres dirigeants du Parti Communiste Chinois annoncent que « l’APL doit libérer tous les territoires chinois », « la libération du Tibet est un devoir sacré ». Il s’agit de libérer le Tibet du joug des forces impérialistes occidentales et des éléments réactionnaires.
Face à cette menace, les autorités tibétaines proposent le 2 novembre 1949 à Mao d’ouvrir des négociations. Il est demandé à la délégation tibétaine d’accepter deux conditions : la défense nationale du Tibet sera assurée par la Chine et le Tibet sera reconnu comme partie intégrante de la Chine. Les négociations sont suspendues car le gouvernement tibétain refuse ces décisions.
En 1950, le Tibet lança un appel à la communauté internationale, un appel qui resta sans réponse. Seule face à la Chine, une petite délégation tibétaine fut contrainte de signer, en 1951, à Pékin,un accord inique dans lequel le Tibet faisait abandon de sa souveraineté. Il s’ensuivit, pour le Tibet bouddhiste et la Chine communiste, une période de neuf années de coexistence difficile.
Les Tibétains du nord-est et de l’est du Tibet qui assistèrent les premiers à l’intrusion de l’Armée populaire de libération s’enfuirent devant la répression chinoise vers des zones rurales où une résistance armée s’organisa. Réunie en urgence en novembre, l’Assemblée nationale tibétaine demanda au dalaï-lama, Tenzin Gyatso (alors âgé de 16 ans), d’assumer l’entière autorité de chef d’État et de quitter Lhassa afin de se mettre en sécurité à Dromo, près de la frontière indienne.
Des récits de destruction des monastères et de massacre de lamas et de moines que rapportaient les réfugiés venus du Tibet oriental firent que des dizaines de milliers d’hommes et de femmes descendirent dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. Ce mouvement de protestation du 10 mars 1959 fut réprimé dans un bain de sang. Selon une estimation chinoise, près de 87 000 Tibétains furent massacrés en un peu plus de trois jours et entraina la fuite vers l’Inde du Dalaï-Lama, des membres de son gouvernement et d’environ 80 000 Tibétains.
Depuis son siège de Dharamsala, petite ville située au nord de l’Inde dans les contreforts de l’Himalaya, le Dalaï-Lama organisa une résistance non violente à l’occupation chinoise.
Depuis plusieurs mois des nonnes et des bonzes tentent de s’immoler par le feu au Tibet. Une nouvelle guerre du feu. Pourquoi ?
Dans le bouddhisme lamaïste, faute de pouvoir faire violence à autrui, la seule manière de protester est d’attenter à ses jours. Comme la situation au Tibet semble devenue inacceptable, les religieux résistent à leur manière. Ils n’en peuvent plus de la négation du dalaï-lama ; la possession d’une photo de celui-ci est interdite par la Chine.
Vivant actuellement à Dharamsala, il est considéré comme le plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain. Il plaide pour l’indépendance du Tibet jusqu’en 1973, puis pour l’autonomie réelle de l’ensemble du Tibet à l’intérieur de la Chine. Selon le Comité du Nobel de la Paix et d’autres, il a constamment œuvré à la résolution du conflit sino-tibétain par la non-violence et reçoit à ce titre le prix Nobel de la pais en 1989.
La Chine est vexée de l’intérêt que l’Occident et le monde en général porte au Dalaï Lama mais elle continue à faire comme bon lui semble et Pékin vient de décider que la prochaine réincarnation du dalaï-lama serait opérée « selon les lois et règlements de l’État », ce qui mettrait de facto un terme à la lignée des pontifes lamaïstes. Inconcevable pour les Tibétains.
Je dis que c’est un dialogue de sourds comme bien d’autres problèmes qui semblent insolubles alors je chante.
Et vous ?
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