Emeutes du Chaudron 2012

Vingt et un ans. Il y a tout juste vingt et un ans que le Chaudron a pris feu, c’était le 23 février 1991, ça a duré quelques jours. Je m’en souviens comme si c’était hier et voilà que tout recommence. Si vous n’avez jamais vécu d’émeutes urbaines, vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est ; la tension nerveuse est forte,  durable, déstabilisante.

Le réveil du Chaudron, on le craignait. Voilà, c’est fait. Et maintenant ?

J’habite, en principe, juste au dessus du Chaudron et quand ça castagne, je peux bien entendre ; c’est «Sons et lumières», comme nous avons de la chance, nous avons quelquefois en prime les odeurs et… nous en pleurons de joie.

Ce qui m’énerve le plus, c’est que je considère que c’est mon quartier qui va mal. C’est mon quartier depuis vingt huit ans et il est sans cesse mis en avant comme un quartier défavorisé, occupé par des voyous, des voleurs… je passe sur les qualificatifs collés sur les gens du Chaudron. Nous ne sommes pas des casseurs et des demeurés, non, mais les médias donnent et insistent sur l’adresse du terrain de jeu, alors la racaille arrive.

Ils ne sont pas du Chaudron les voyous qui foutent le feu à la pharmacie, au CASE,  aux poubelles, aux voitures des gens du quartier.

Je sais que la situation des jeunes est difficile : diplômés ou non, les jeunes ne trouvent pas de travail sur l’île et pourtant, de nouveaux arrivants croient pouvoir se faire embaucher facilement. A quel salaire ? Surprise. Pas bien grosse la rémunération ici, sauf à être fonctionnaire avec un traitement majoré. La plus grande partie des Réunionnais a un petit salaire et les loyers sont élevés, la vie est chère. Comme à Paris, un jeune couple de travailleurs ne peut accéder à la propriété d’un logement, c’est bien trop onéreux, les banques ne prêtent pas.

Donc à Saint Denis de la Réunion, dans le quartier du Chaudron, ça flambe parce que l’adresse de la fiesta a été bien communiquée. Autres bons coins  signalés : Le Port essentiellement, puis Saint Benoit, Saint André.

Le volcan ne crache pas, les cyclones évitent l’île, la température monte, les esprits s’échauffent…

Qui aide les habitants du Chaudron qui sont fatigués de vivre ainsi angoissés ?
Où est le maire ? Où est le Préfet ? Où sont ceux qui ont joué avec les allumettes ? Où donc se cachent les responsables et les coupables ? Qui a intérêt à laisser dégénérer puis pourrir la situation ?

La journée ça se calme, les casseurs dorment. Les cons bons travaillent. Le soir, ceux qui  se sont reposés le jour sortent enfin. Les travailleurs, eux, ne peuvent dormir la nuit : trop de bruit, trop de stress. Un jour, il y en aura un ou plusieurs qui seront excédés, et… je vous laisse deviner.

Tout ça pour vous dire que si certains Dyonisiens ont peur (dont moi), il ne s’agit pas de délire paranoïaque mais de véritables dangers. Il n’y a plus d’essence dans les stations-services, plus de supermarchés ni de commerces dans certains quartiers,  comment aller travailler ? Comment faire ses courses pour manger ? Comment se reposer ? Comment vivre paisiblement ?

«Mon péi bato fou»…Clic.

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