Pléonasme, lapalissade et tautologie

Une lapalissade est une vérité de La Palice, une affirmation ridicule énonçant une évidence. Une lapalissade est également appelée truisme. Quant à la tautologie, elle désigne également une proposition toujours vraie sans la connotation péjorative attachée au terme lapalissade.

La tautologie peut être un procédé rhétorique ou une négligence de style consistant à répéter une idée déjà exprimée, soit en termes identiques (au jour d’aujourd’hui), soit en termes équivalents (monter en haut). Moi, je vois là des pléonasmes dont certains sont admis dans les parlers régionaux comme le soulignait ma “copinaute” Frieda dans son dernier commentaire.

Plus je réfléchis et plus je me dis que les subtilités de la langue française sont difficiles à cerner mais au fait combien de Français utilisent encore de pareils mots : tautologie, pléonasme et truisme  ? Ces mots-là me restent en mémoire depuis les cours de philo, il y a plus de quarante ans (les programmes, le vocabulaire sont-ils encore les mêmes en terminale littéraire ? ) et surtout à cause d’une réunion pédagogique, il y a plus de trente ans : le mot tautologie plaisait beaucoup à l’inspecteur qui le répétait à qui mieux mieux.

La tautologie, proche du pléonasme présente une différence essentielle avec lui : le pléonasme est considéré comme fautif, vicieux, la tautologie est vue comme un effet de style visant à renforcer l’expression de la pensée. Condamnée autrefois par Littré, elle est de nos jours admise comme correcte. C’est néanmoins une construction répétitive qui peut prendre différentes formes :
– c’est mon livre à moi
– tu le lui diras toi-même
– je l’ai entendu de mes propres oreilles
– je l’ai vu, de mes yeux vu
– c’est sûr et certain
– une promesse est une promesse (ça, c’est désuet, passé de mode, vous vous souvenez que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.)

Le pléonasme est vicieux en ce sens qu’il associe deux mots dont l’un évoque le même sens que l’autre et fait double emploi avec lui : reculer en arrière, redire encore, descendre en bas, chute verticale, et le fabuleux cadeau gratuit (très à la mode de nos jours dans le monde publicitaire).

Quelques-uns de ces pléonasmes sont entrés dans la langue et ne sont plus considérés comme fautifs : aujourd’hui (au jour + hodie, ce jour), vinaigre de vin (le vinaigre est du vin devenu aigre) donc le vinaigre de bière ou de cidre est une absurdité,  une absurdité admise et considérée comme régulière. De même saupoudrer de sel est un pléonasme admis (saupoudrer signifiant poudrer de sel) et saupoudrer de sucre ou de farine sont donc des absurdités devenues licites, il y a fort longtemps déjà.

Une lapalissade cherche à démontrer une évidence et pour cette raison, elle est souvent utilisée par ironie, mais parfois aussi, inopinément. Elle devient alors source de raillerie, de moquerie ou d’hilarité.

Le mot lapalissade vient du nom de Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, Maréchal de François Ier, qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’a jamais été l’auteur d’une lapalissade. Ce sont les soldats de Monsieur de La Palice, qui pour lui rendre hommage et pour illustrer le courage dont il fit preuve lors du siège de Pavie (1525) pendant lequel il trouva la mort, écrivirent une chanson à sa mémoire, dans laquelle se trouve la strophe suivante :

Hélas, La Palice est mort, / Est mort devant Pavie ; /  Hélas, s’il n’était pas mort, /Il ferait encore envie

Sa veuve, Marie de Melun, s’inspirant de cette chanson fit graver comme épitaphe sur son somptueux monument funéraire : “Ci-gît le Seigneur de La Palice, S’il n’était mort il ferait encore envie.”

La graphie de la lettre minuscule s peut le faire confondre avec un f. Une erreur de lecture a fait lire «s’il n’était pas mort, il serait encore en vie » et aujourd’hui on retrouve cette phrase déformée en « Un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie ».

Et moi, j’arrête de blablater pour aujourd’hui.

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4 réflexions sur « Pléonasme, lapalissade et tautologie »

  1. Dans une société qui cherche à tirer les sans dent vers le bas, il n’ est pas étonnant que bon nombres de noms et d’ expressions disparaissent.
    Et par facilité, on laisse les pléonasmes devenir tautologies !
    Je n’ ai pas compris pourquoi tu avais fermé les commentaires hier !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

  2. “tautologie” il m’aura fallu attendre bien longtemps pour apprendre un mot nouveau… C’est “qu’au jour d’aujourd’hui” il n’est pas courant d’être confronté avec de nouveaux mots dignes de cette qualification ! Les mots dits nouveaux ne font pas rêver ! ils nous arrivent directement d’un charabia qui ne veut rien dire ! c’est le “parler jeunes” !!! Argot, de ma jeunesse (interdit dans certaines familles) qu’es-tu devenu ?
    Hier, j’en ai appris un autre “sans dents”…Sans commentaires…

  3. @ Geneviève
    Vrai ou faux ce “sans dents” ? Je me demande… Et s’il s’agissait des fabulations d’une femme en colère ? Le personnage mis en accusation n’est pas joli-joli mais… Le doute est-il permis ?
    Vraiment nous trainons dans la fange et bon nombre s’y complaisent parce que, loin de l’idée de la souillure et des porcs, ça rapporte. Une seule morale maintenant : le fric. Le Veau d’or, toujours.

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