Et ce soir, qu’allez-vous faire ?

«Un grand peuple sans âme est une vaste foule», Alphonse de Lamartine.

Il faut  une âme à un peuple et il lui faut la trouver. Un homme providentiel fait fonction d’âme. Nous l’attendons, en quelque sorte, comme le nouveau Messie.

Il y a quelques jours, Magitte, mon amie, dans son blog, parlait de déception et écrivait «pour en revenir à jadis, j’ai toujours ce souvenir de juin 1940…Tout était si noir…Un homme s’est levé entraînant avec lui d’autres hommes et femmes. Ils nous ont redonné le courage, la dignité, l’espérance...». Elle pensait à l’homme providentiel apparu à ce moment-là, homme qui fut controversé.

Dès l’Antiquité cette notion d’homme providentiel a existé avec Moïse, Salomon, Jules César,  Vercingétorix, Clovis, Charlemagne,  sans oublier que cet homme peut être une femme, comme Jeanne d’Arc ou ailleurs, en Birmanie par exemple, Aung San Suu Kyi. Jeanne d’Arc personnalise la notion de « patrie ». Plus tard, Clémenceau en 1917 comme le Général De Gaulle en 1940 seront les apôtres de la « résistance à l’occupation ». Le Général De Gaulle n’aurait pas eu la même destinée si Churchill ne l’avait pas choisi pour son « appel du 18 juin 1940 ». Un « homme providentiel » est un homme qui a de la « chance », il sait la saisir alors que d’autres passent à côté.

L’homme providentiel est un combattant soit qu’il restaure l’ordre établi, soit qu’il le bouleverse, soit qu’il l’organise. Il marque une rupture. Rupture ou changement, voilà un concept remis au goût du jour l’an dernier. Et depuis… J’attends le discours de ce soir. (Même pas vrai, je crois que je ne vais pas pouvoir écouter. Je risque de m’énerver, je ne veux  et je ne peux plus avaler de couleuvres.) Vous connaissez sans aucun doute cette expression qui signifie accepter comme des vérités n’importe quelles déclarations ou subir des affronts et des désagréments sans pouvoir protester ; sans aucun doute êtes-vous d’accord avec moi, en ce moment les désagréments sont nombreux. Mes revenus diminuent, mes impôts et mes dépenses «de base» augmentent. Pas les vôtres ?

Devoir accepter de subir des choses désagréables sans rechigner était autrefois le lot de toutes les personnes en position d’infériorité (comme le personnel de maison, par exemple  ; ma grand-mère maternelle qui fut, comme j’aime le dire argotiquement, «bonniche chez les rupins»).  Et ça continue. Encore et encore… C’est que le début, d’accord ? Euh, non pas trop d’accord moi. Je ne veux pas être plumée, spoliée.

Mais je m’éloigne à la fois de mes couleuvres et de l’homme providentiel. J’en finis aujourd’hui avec les reptiles. Demain ce sera l’homme providentiel.

Pourquoi dit-on avaler des couleuvres, de si charmantes bestioles ?

Autrefois, les anguilles étaient très présentes dans nos rivières et servaient de plat commun. Pour tout dire, rue Jean Chatel, à Saint Denis de la Réunion, dans la première moitié du vingtième siècle, coulait un ruisseau dans lequel on pêchait des anguilles. C’est Monsieur Jacques Caillé m’a raconté ça, il y a quelques mois et je pense qu’il ne m’a pas fait avaler de couleuvres, lui aussi. D »autres m’ont raconté la même chose. Légende ou vérité ?

Le «carry zanguilles»,  en tous cas, fait partie des plats créoles réunionnais appréciés et je pense qu’en France métropolitaine, les anguilles étaient un mets apprécié lui aussi : la matelote d’anguilles. Il est possible que certains hôtes aient servi à leurs invités quelques couleuvres mêlées aux anguilles d’apparence très proche. Et soit les invités ne s’en rendaient pas compte, montrant ainsi qu’il gobaient n’importe quoi, soit ils s’apercevaient de la chose mais ils restaient bouche cousue pour ne pas faire d’esclandre ou ne pas se fâcher avec leur hôte.

Une autre origine, la plus probable, vient d’une ancienne signification de couleuvre qui désignait aussi une insinuation perfide, le genre de chose à laquelle il n’est pas toujours simple de répondre et qu’on doit alors subir sans piper mot. Ce sens du mot était bien entendu lié au comportement du serpent, cet animal qui a convaincu Ève de croquer la pomme. Cet emploi aurait été renforcé par la confusion avec couleur qui, du XVe au XVIIe siècle désignait une fausse apparence, encore symbole de perfidie (une bonne couche de peinture peut dissimuler bien des défauts : être maquillé(e) comme une voiture volée).

Vous avez envie de les avaler les couleuvres de ce soir ? Allez-vous écouter notre président ?

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