C’est la deuxième fois que j’utilise le même titre pour une article «We want sex equality». L’an dernier, le 14 mars et 15 mars, j’avais publié des articles dits féministes parce que j’évoquais l’égalité des sexes, Gisèle Halimini et d’autres. Je regrettais aussi que le fait d’être Domienne me prive de la possibilité de voir un bon film ou que j’espérais tel. Merci Canal+, depuis le 29 mars 2012, j’ai enfin pu être un peu moins frustrée. J’ai vu !
Je vous résume l’histoire :
Au printemps 1968 (un printemps chaud en Occident), en Angleterre, l’usine Ford de Dagenham, dans l’Essex, emploie des milliers d’hommes et seulement cent quatre-vingt-sept femmes, cantonnées à la couture des sièges d’automobiles. Non seulement elles travaillent dans un atelier insalubre (il y fait une chaleur d’enfer et il y pleut, sans doute y gèle-t-il l’hiver), mais ces ouvrières sont moitié moins payées que les hommes. Soutenues par leur syndicat (mollasson et sans doute vendu au patronat, mais à coup sûr privilégiant les hommes), Rita O’Grady et ses camarades de travail décident de faire valoir leurs droits… à commencer par le droit de grève. Elles bloquent la production de l’usine, mettent leur mari et leurs amis au chômage technique, dérangent le gouvernement britannique mais ne cèdent pas.
Elles finiront donc par gagner.
Dans ce film, coloré, vivant, la lutte des sexes rencontre la lutte des classes. Des femmes modestes mais déterminées ont changé le cours (machiste) de l’histoire. C’était 1968, année symbole de libération et d’émergence du féminisme à travers les pays occidentaux.
Nous revivons l’ambiance des sixties, le combat historique, les rêves de gloire de certaines midinettes (amplifiés aujourd’hui), le train-train quotidien de la classe moyenne qui vit le boom des «trente glorieuses» (la télévision, même la télé en couleurs, le réfrigérateur…) et l’habitat en HLM, le moyen de locomotion majoritaire de la classe ouvrière : le vélo.
Je tiens à vous rappeler que ce film est tiré de faits réels.
A cette époque, les femmes revendiquaient le droit à une égalité vraie, et après le droit de porter le pantalon, celui de porter des mini-jupes (Merci Mary Quant, une anglaise qui lança cette mode). Elles voulaient avoir des salaires correspondant à leurs capacités, vivre heureuses auprès de maris respectueux, tendres qui participeraient à la vie familiale, et non pas des machos primaires. Dans le même temps, c’était l’arrivée des moyens de contraception.
Qu’en est-il chez nous quarante-quatre ans plus tard ?
L’égalité des salaires n’est encore qu’un leurre (30% de moins bien souvent), les promotions aux postes de direction souvent réservées aux hommes ainsi que les embauches aux postes à responsabilités. Quant à la vie politique, la parité n’est qu’une promesse de plus. La loi fait semblant de privilégier les femmes. Je reconnais qu’en ce qui concerne la garde des enfants, la justice n’est pas la même mais les femmes sont-elles privilégiées ? Elles ont souvent la garde des enfants mais combien ne perçoivent pas de pension alimentaire qui leur est allouée ou combien reçoivent une somme dérisoire et déraisonnable par sa modestie. Il y a des exceptions mais la plupart du temps, financièrement les femmes doivent se débrouiller seules.
Où en est-on alors ? On mégotte, on bavasse, on s’interroge sur la forme des documents administratifs : cocher « Madame » ou « Mademoiselle » (c’est-à-dire : mariée ou pas mariée ?) pour une femme alors que les hommes n’ont qu’à mettre une croix à côté de la case « Monsieur » . Discrimination ? Atteinte à la vie privée, c’est sûr. Je revendique le droit au « Madame » pour toutes qui nous éviterait de nous faire traiter de vieille fille, mocheté, mal baisée dans les pires cas, ou de se demander si on a vraiment pris un coup de vieux quand on a vingt-cinq ans et que le Mademoiselle disparait au profit d’un Madame qui semble alors de mauvais aloi.
Souvenez-vous qu’à l’origine, le terme «mademoiselle» désignait bien une jeune femme encore pure et innocente avant le mariage, et à un âge plus avancé n’était attribué qu’aux actrices, des demoiselles à la vertu contestable. Ma demoiselle, au Moyen-Age était un titre de noblesse , équivalent à mon damoiseau (noble qui n’a pas encore été adoubé). Mademoiselle était un titre porté par la fille du frère aîné du roi, qui portait le titre de Monsieur.
En Allemagne, l’appellation « Fräulein » (Mademoiselle) a disparu des formulaires officiels en 1972. Bien plus, les Allemandes peuvent porter plainte contre tout emploi oral ou écrit de ce terme.
L’égalité des salaires est plus importante mais les mots reflètent bien la réalité.
Laisser un commentaire