Début d’une lettre ouverte à un chef d’entreprise de ma connaissance
«La reconnaissance est une façon de démontrer aux gens qu’ils sont précieux, qu’ils comptent à mes yeux, que leur travail me simplifie la vie et qu’ils me sont une aide inestimable. C’est un élément essentiel dans le monde du travail sans quoi il y a un vide au niveau des relations humaines. C’est aussi une façon de rendre l’entreprise et les relations plus humaines, de motiver les gens.» Voilà ce que pourrait dire un chef d’entreprise responsable et reconnaissant envers ceux qui lui ont consacré leur vie (souvent en la gâchant pour la partie vie privée et familiale), un vrai chef d’entreprise, pas forcément un paternaliste dépassé, mais surtout pas un de ces cadors qui se croit tout permis parce qu’il a le pouvoir ou un semblant de celui-ci, parce qu’il est né avec une cuillère d’argent dans la bouche et qu’il écrase, sans les regarder, tous ceux qui lui sont dévoués et fidèles (c’est le plus facile à faire ; au fond ce n’est pas un courageux, juste un…empaffé (au sens figuré ; insulte véritable).
Ce n’est pas un modèle très récent, lisez ce portrait de La Bruyère que j’ai appris par cœur en CE2 (c’est très loin) dans la classe de Madame Galetti.
Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’oeil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. Il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit; il crache fort loin, et il éternue fort haut. Il dort le jour, il dort la nuit, et profondément; il ronfle en compagnie. Il tient le milieu en se promenant avec ses égaux; il s’arrête et l’on s’arrête, il continue de marcher et l’on marche: tous se règlent sur lui. Il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole: on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler; on est de son avis, on croit les nouvelles qu’il débite. S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser ses jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps; il se croit des talents et de l’esprit. Il est riche.
La richesse… Est-ce que ça durera autant que les impôts ? Ses certitudes ? A revoir.
… En attendant, il pose ! Il aime à jouer les Louis XIV gobergeant ses courtisans qui se gaussent dans son dos. Le problème, c’est que dans sa ruine, il entrainera les humbles, les sans-nom, les travailleurs de l’ombre, ceux qui se sont dévoués et sans compter et qui n’ont reçu que de généreuses paroles…
Je ne suis pas d’un naturel rancunier mais j’ai bonne mémoire et… je suis patiente. J’aime surtout les gens respectueux des autres. Le ciel les vengera-t-il, ses victimes ?
Wait and see.
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