Voilà une question qui nous taraude de temps en temps, sans doute trop souvent. Il faut reconnaître que certains événements récents encouragent les idées noires ou grises.
Pourquoi un homme de vingt-quatre ans a-t-il tué sept personnes, dont trois enfants, qu’il ne connaissait pas ? Un homme manipulé, un fou, un fanatique ? Est-ce que ces raisons (la folie) vont l’exonérer de sa responsabilité ? J’en ai peur. Un avocat brillant et hop, l’assassin est relâché, soigné, libéré. Il sera au grand air et ses victimes resteront six pieds sous terre. Justice humaine qui semble de plus en plus inéquitable. Elle génère colère et douleurs supplémentaires. Hypocrisie des uns et des autres qui veulent se donner bonne conscience ; hypocrites qui protègent le vice plus que la vertu.
Est-ce que ce monde est devenu le monde du mal ? On peut se le demander.
Bien sûr, le jardin d’Eden a depuis longtemps disparu mais la situation dégénère. Quand on pense aux horreurs du siècle dernier : exodes, tortures, famines… Horreurs liées aux Hommes : Hiroshima, Nagasaki, les rafles, les camps de la mort, les massacres en Afrique, en Asie… Quand, en plus, la nature s’en mêle : tsunamis, tremblements de terre, éruptions volcaniques… On ne peut que trembler et se poser des questions.
Il y a, certes, de bien agréables moments sur la Terre mais ce sont les plus désagréables, en grand nombre, qui nous hantent.
Beau monde, triste monde ? Cela varie selon les jours et encore plus selon les personnes. Nous nous sommes tous émerveillés devant un coucher de Soleil ou un lever du même astre, une nuit de pleine lune (surtout si on est un peu sorcière) et plus encore devant une pluie d’étoiles filantes. Nos narines frémissent sous l’effluve d’un pied de jasmin, d’un bouquet de roses ou d’un sachet de fleurs de lavande, nous résistons mal à l’odeur d’une tarte aux pommes toute chaude ou à celle d’un moelleux au chocolat sortant du four. Nous sommes éblouis par les couleurs des fleurs. Combien d’autres plaisirs simples ? Chaleur du soleil sur sa peau, caresse du vent, tendresse d’un amour, sourire et rire d’un enfant, douceur de certains mots, de la musique, plaisir des yeux face à une statue, un tableau, une aquarelle, émotion devant une plante qui refleurit ou qui donne ses premiers fruits… Presque simultanément, nous pleurons à l’annonce d’un décès imprévu, rapide, cruel. Nous craignons pour un malade qui nous est proche, cher. Nous larmoyons devant notre téléviseur et les images sanglantes d’une révolution, d’une catastrophe, d’une fusillade, ou en lisant un journal, un magazine.
Vous, ne vous êtes-vous jamais demandé si ce bas-monde n’est pas vraiment l’enfer, la terre de la misère, de la souffrance ? Une vallée de larmes où nous ne faisons que passer… en silence, en criant ou en chantant (la chanson peut être tristesse ou révolte ; je pense au flamenco, fado, maloya…). Et après le silence, les cris ou le chant ? Hein, et après ? Vous faites quoi ?
En voilà une question qui donne à réfléchir : «Et après ?».
Aujourd’hui, qui pense encore à «après» ? Qui et comment ?
A en voir la gestion des communes, départements, régions, états : personne. Les politiques « gestionnaires » se disent tous « après moi, le déluge ! » (Peu importe ce qui va se passer après.) Dans le peuple, chez le commun, le citoyen lambda ?
Inconséquents eux aussi ? Non. Pas vraiment. Ils rêvent. Ils croient au destin et surtout à la Chance qui leur apportera sans effort, ce dont ils ont besoin. Certains croient aussi que le paradis leur est promis si, en faisant quelques efforts ou sacrifices… s’en suivent des listes de devoirs pour atteindre le ciel : régimes, interdits alimentaires, déguisements (soutane, voile, chapeau…). Certains de ces devoirs sont quelquefois étonnants, ne correspondant en rien à l’idée qu’on peut se faire de Dieu.
Une autre question qui me perturbe depuis longtemps, depuis que j’ai perdu la foi que le catéchisme avait tenté de me donner : Dieu a-t-il créé les Hommes ou les Hommes ont-ils créé Dieu ? Et qu’est-ce qui nous fait supposer que, si Dieu existe, il est bon ?
Pour l’instant, sur cette terre, nous constatons qu’il semble se ficher de nous et de tout ce qu’il a créé. Est-ce nous avec notre libre-arbitre qui pourrissons tout ?
Pourquoi sont-ils capables du pire, ces Humains ? Leur libre-arbitre, ils l’ont oublié. Ils se sentent tous « irresponsables », ou plutôt ils se disent « responsables mais pas coupables ». Ils ont été obligés de… C’est pas moi, c’est l’autre. Nous le savons :
« L’enfer, c’est les autres !« , avait écrit Jean-Paul Sartre.
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