Le pain à l’envers

Ces jours-ci, du 16 au 21 mai, la Réunion est à l’honneur sur le parvis de Notre-Dame de Paris pour la Fête du Pain 2012. Une quarantaine de boulangers réunionnais présents tout au long des six jours fabriqueront quotidiennement des spécialités locales : pain frotté, pain massalé, pain créole au boucané, pain combava, curcuma, piment, macatia… Le pain, les boulangers, des sujets qui ont fait couler de l’encre et de la salive.

Longtemps aliment de base, voire seul aliment, le pain connait des hauts et des bas dans sa popularité comme dans ses prix. Attention, un prix du pain trop élevé est déclencheur de révolte et même de révolution. Je pense ainsi à Marie-Antoinette et à la boutade cynique qui lui est attribuée : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! » Rendons à César ce qui est à César et soyons le plus honnête, le plus objectif possible dans nos remarques et jugements. « On » lui a attribué cette phrase en 1789 alors qu’elle figure déjà dans le Livre VI des Confessions de Jean-Jacques Rousseau publiées en 1782. Qui avait, a eu, intérêt à manipuler les mots, l’Histoire ? Et quand ? Mais je m’éloigne du pain. J’y reviens.

Critiqué, adulé, dénigré, encensé, il faut reconnaître que le pain est une source importante de protéines végétales (entre 7 et 9 g/ 100 g selon les pains) qui participent au renouvellement cellulaire, de fibres (de 3,5 g à 7 g / 100 g) qui stimulent le transit intestinal et retardent la sensation de faim. Pauvre en lipides (il n’en contient que 0,8 à 1,2 g pour 100 g), le pain apporte aussi des vitamines B, PP et E qui protègent le système nerveux et contribuent au maintien du bon état de la peau. Il ne faut pas oublier que le pain contient des minéraux : phosphore, magnésium et potassium, ainsi que les oligo-éléments (fer et zinc) indispensables au bon fonctionnement de l’organisme.

J’arrête avec les louanges du pain. Je pourrais aussi chanter celles du boulanger (dur métier !) Je reviens à ce qui a fait le titre de ce billet : le pain à l’envers.

Pourquoi dit-on que « mettre le pain à l’envers porte malheur » ?

 

 Au Moyen Âge,  les exécutions avaient souvent lieu à midi, sur la place centrale de la cité ; elles attiraient les foules : spectacle gratuit et angoissant. Le bourreau avait des contraintes humaines : il mangeait. Le boulanger, pour ne pas s’attirer les mauvaises grâces du bourreau, réservait toujours un pain pour ce dernier. Il posait ce pain à l’envers pour être sûr de ne pas le vendre à un autre et que le bourreau n’en manquerait pas. Tout le monde savait que ce pain était celui du bourreau et … personne n’y touchait. Pain à l‘envers, mort pas loin, de là les superstitions, «peurs irrationnelles».

En voilà un métier disparu en France : bourreau ! Pas facile à avouer… Plus dur que boulanger ou maçon ? C’est dans un autre registre, c’est sûr, plus moral que physique. Ah, mais il faut bien gagner sa croûte ! Il n’y a pas de sots métiers… blabla…

« Gagner sa croûte » qui est une variante de « gagner son pain » signifie que l’on gagne sa vie en travaillant, la « croûte » ajoute la notion de « dureté » mais travailler est toujours un peu dur, encore plus quand on a l’impression de travailler pour le roi de Prusse.

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