ZEBDA et le théorème du châle

J’ai vu revenir sur le devant de la scène, c’est le cas de le dire, des artistes, des chanteurs toulousains que j’aime bien : Zebda. Il faut le reconnaître, Toulouse est une sacrée pépinière : Nougaro est le plus célèbre des enfants (chanteurs) de la ville, on peut ajouter Jean-Pierre Mader, Art Mengo, Pauline Ester, Jean-Philippe Lafont, Carlos Gardel (1890-1935), chanteur de tango, Mady Mesplé (née en 1931), chanteuse lyrique, soprano coloratur, Magyd Cherfi du groupe  Zebda, les groupes : Pacifique, Gold, Images. Est-ce lié à l’air, à la couleur de la ville, au sang métis qui circule ?

Plusieurs chansons du nouvel album de Zebda m’ont interpellée comme on le dit aujourd’hui ; mais, moi, interpeller, ça me fait penser à la police, aux arrestations, aux mises en détention provisoires, aux gardes à vue. Je n’y ai jamais eu droit mais ce que j’ai entendu ne m’a pas rassurée et pour tout vous dire j’ai même peur, or il n’est pas normal d’avoir peur de la police quand on a la conscience tranquille. Alors pourquoi cette peur (irrationnelle) ? C’est une autre affaire, j’y reviendrai. Pour l’instant c’est Zebda et le théorème du châle.

Voilà les paroles : (ce que j’ai entendu ou cru entendre) :

Je tombe des nues, est-ce carnaval
Ces foulards et ces longues capes ?
Je tombe des nues à y piper que dalle
Devant ces drôles de sape
C’est le même masque pour toutes
Ces filles croisées sur ma route
Mais de quoi les a-t-on privées?
Est-ce Zorro qu’est pas arrivé?
Pourtant on dit qu’la planète se réchauffe
Alors pourquoi tant d’étoffes
T’auras beau te couvrir jusqu’à la nuque
On n’est pas des eunuques
Est-ce un principe de précaution, ces barricades de chiffons ?
Et s’il fait peur à l’Amérique, ce look qui casse pas des briques…

Refrain:
Est-ce pour être d’égale à égal ?
Ou quelqu’un qui t’a fait du mal ?
Dis, est-ce que c’est pour le scandale ?
Est-ce qu’il t’a promis les étoiles, le théorème du châle ?

Je tombe des nues est-ce carnaval
Ces foulards et ces longues capes ?
De toute ma ville dévalent des fantômes et tout m’échappe.
C’est quoi ces filles qui se cachent ?
Est-ce qu’elles jouent à cache-cache ?
C’est l’été, on dirait l’hiver,
Quelqu’un a dû dire « sortez couvert »!
Et puis l’amour à qui la faute, si c’est des vêtements qu’on ôte ?
Si ce monde est si salissant, peut-on vraiment vivre sans ?
Est-ce au nombre des interdits, qu’à l’amant t’oppose un mari ?
Aimer un seul homme le beau métier qu’on dirait de la pitié !

(Refrain)

Je me prends la tête à deux balles,
Qu’a t-elle vu qui soit si sale ?
A-t-elle vomi aussi sec, quelques pages de Houellebecq?
Y a bien quelque chose qui cloche, embrouille au pays de Gavroche
Mais qui est-il, nom de Dieu,
Celui pour qui elles baissent les yeux?

(Refrain x2)
Le théorème du châle (x3)

D’accord, ce n’est pas Vian, ni Baudelaire, ni Hugo, ni Ronsard, mais c’est clair et nous comprenons. Quand Zebda chante, c’est ce que Magyd Cherfi écrit dans une langue qui est celle des quartiers, celle du peuple français métissé, celle de tous les jours pour un grand nombre. Zebda c’est Mousse (Mustapha  Amokrane) et son frère Hakim Amokrane, d’origine algérienne, on ne peut leur enlever qu’ils sont bien intégrés, qu’il sont respectueux des autres et qu’ils s’expriment.  Leurs parents les ont élevé dignement, correctement, en leur donnant des règles de vie et… l’espoir de jours meilleurs. Ces enfants de l’immigration, regardent aujourd’hui leurs concitoyens, oserai-je écrire « sans se voiler la face », ils regardent la vérité et la disent. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. « C’est quoi ces filles qui se cachent ?» Eux aussi s’étonnent devant le voile. Avez-vous lu mon article de l’an passé ? Cliquez ICI pour le découvrir.

Depuis le vote d’une loi anti-foulard (inutile, puisque notre état laïc n’accepte théoriquement pas de marques d’appartenance religieuse…), j’aimerais savoir combien d’amendes ont été données. Voilà bien un comportement qui me hérisse : les annonces sans effet. Si une loi existe, si des sanctions ont été clairement définies, pourquoi n’applique-t-on ni la loi ni les sanctions ?

« Y a bien quelque chose qui cloche, embrouille au pays de Gavroche»…

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