« Tié pa kouyon pou pran la plas » Traduction : « ne tue pas l’idiot pour prendre sa place ». En effet, dans le domaine de la bêtise n’essayons pas de ravir la première place à quiconque. Il n’y a pas de quoi être fier. Et pourtant…
Pourtant prendre la place de quelqu’un semble être dans l’air du temps. C’est à qui dira la plus grosse sottise, fera la plus grosse bourde…
À la télévision, Nagui anime l’émission « Tout le monde veut prendre sa place ». L’émission semble plaire, les candidats se succèdent et ne manquent pas. Chaque jour, six candidats s’affrontent par des questions (deux questions par joueur), deux sont éliminés. Quatre restent en lice et s’opposent dans un quizz. Ils espèrent tous à l’issue de cette manche être celui qui pourra affronter le champion et surtout le détrôner. Or le champion, a le privilège de choisir le thème des dernières questions, ce qui lui donne un avantage certain et pourtant nombreux sont ceux qui ne font qu’un passage-éclair dans le fauteuil du champion. De toutes manières, le champion même destitué, garde les gains qu’il a acquis. ce n’est pas un jeu à gros risque. Quant aux questions… ce ne sont pas celles de « Questions pour un champion ». C’est plus… ludique. Oui, vus avez bien compris : moins culturel.
Dans ce cas, prendre la place du champion, c’est l’évincer, le déposséder, l’éliminer, le déloger. C’est un jeu mais le sens de l’expression est toujours le même quel que soit le domaine, c’est « virer » quelqu’un pour le remplacer.
J’avoue que sans avoir l’âme d’une usurpatrice, il y a des fois où j’aimerais prendre la place de certains, par exemple prendre la place de ceux qui tiennent un double langage pour conserver leurs privilèges, qui racontent n’importe quoi pensant sans doute qu’ils vont nous endormir. Il faudrait résister mais comment peut-on encore espérer changer le monde quand on voit la force d’inertie mise en œuvre par la plupart des gens. La résistance au changement est grande. Par peur sans doute, or la peur maintient dans l’obéissance, l’esclavage même. Il faut résister, se révolter. Tout seul ce n’est pas facile mais en groupe, il faut connaître les limites à ne pas dépasser. Résister, oui.
De là, à admirer certains excès de violence, il y a loin. J’ai été très choquée par les scènes violentes, il y a quelques mois, chez Air France, lorsque les syndicats ont protesté contre le plan de restructuration de la compagnie aérienne. Deux D.R.H. molestés, il n’y avait franchement pas de quoi être fier.
Voir ces deux dirigeants sortir hagards avec leurs chemises et leurs costumes en lambeaux, les voir évacués par-dessus les barrières pour les mettre à l’abri, apprendre qu’il y a eu sept blessés dont un grave, que sommes-nous devenus ? Dans quel pays vivons-nous ? Où sommes-nous ? Ces violences ont fait le tour des télévisions du monde entier. Vive la France ! Quelle belle image !
Après Knysna et la coupe du monde de foot (la grève des joueurs), nous sommes vraiment des champions pour donner une image pourrie de la population française. Certes, les syndicats ont le droit d’encourager les manifestations de mécontentement mais il y a une ligne à ne pas franchir et cette ligne c’est la loi. On n’a pas le droit de se comporter comme des délinquants dans une entreprise ou même ailleurs.
Une circonstance atténuante : le modèle venant du haut. Une bande de voyous divers nous dirige.
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