La scoumoune

La scoumoune autrement dit la cerise (oui, oui), débine, guignon, infortune, tuile, pépins, malheur, revers, fatalité… les expressions équivalentes sont nombreuses pour parler des coups du sort à répétition, ce qui tend à prouver, comme je l’ai déjà dit et écrit, qu’il y a plus de chance d’avoir des périodes de poisse que de gagner au Loto. Cliquez et relisez mon article « avoir la guigne ».

La Scoumoune est aussi un film franco-italien sorti en 1972, réalisé par José Giovanni. Voilà le résumé (merci aux sites de cinéma) :

Marseille, 1934. Xavier Saratov est en prison pour un meurtre que Jeannot Villanova, le patron de la pègre marseillaise, lui a fait endosser en mettant un cadavre dans sa voiture. Geneviève, sa sœur, et son ami Roberto Borgo, surnommé la Scoumoune parce qu’il porte malheur à ses ennemis en dégainant et en tirant plus vite qu’eux, tentent de prouver son innocence. Xavier est condamné à vingt ans de prison. Roberto élimine plusieurs tueurs de la pègre et finit même par abattre Villanova, dont il prend aussitôt la place à la tête du milieu. À la suite d’une bagarre où il est blessé, Roberto est condamné à quinze ans et se retrouve dans la même prison que Xavier.

Après des tentatives infructueuses d’évasion arrive la guerre. Tous les deux demandent à être engagés dans l’armée, mais sans succès. A la Libération, on leur propose contre une remise de peine, un travail de déminage sur les plages que les Allemands avaient truffées de mines et où se trouvent aussi des bombes larguées par les Américains. Xavier, en tentant de dégager une de ces bombes, perd un bras.

À la fin de leurs travaux, Xavier n’arrive pas à se réintégrer à la vie civile. Il se fera tuer dans un affrontement avec de jeunes truands qui voulaient enlever sa sœur. Roberto promet à celle-ci de le venger… Un clic ICI pour voir la bande annonce de ce vieux film. Et oui, quarante ans déjà…

Savez-vous d’où vient ce mot « scoumoune » ?

Des pieds-noirs qui l’ont importé en France.

Voilà plus précisément les informations récoltées pour vous.

La scoumoune est née chez les français d’Algérie et même plus précisément d’Alger, du côté de Bab-el-Oued, vers 1920, mais on a identifié l’origine du mot  scoumoune en Corse : le scomum vient de l’italien scomunica, venu lui-même du latin excomunicatio. C’est une malédiction, une malchance.

Comment porte-t-on la scoumoune ? De préférence en pointant le sol de l’index et de l’auriculaire, les autres doigts étant fermés, et en « souhaitant le pire » à la personne en cause. C’est la mano cornuta italienne, la main cornue qui jette le mauvais sort.

En métropole, le mot débarque dans l’argot du milieu corse et marseillais dans les années 50. José Giovanni l’évoque dans son roman « L’excommunié » en 1958 : l’histoire d’un truand de Marseille qui a des soucis avec un caïd de la pègre. Deux films en sont tirés : le premier, « Un nommé la Rocca », puis « La Scoumoune », que Giovanni réalise lui-même, avec Belmondo et cette musique de François de Roubaix, que vous avez sûrement reconnue dans la bande-annonce.

Or donc… la scoumoune ou chkoumoune est née chez les français d’Algérie, le mot est entré en France métropolitaine et Pierre Perret, notre Pierrot national, nous offre une belle citation pour expliquer le mot dans son Dico personnel en 1982 : « Dany la Scoumoune, qui portait bien son nom, s’était fait décoller le cigare une semaine avant l’abolition de la peine de mort ». Ca, c’est pas de chance ! Voila ! En un mot comme en cent, c’est ça  avoir la scoumoune !

Le contraire c’est la baraka. On y reviendra.

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