Le pont Garigliano relie le quartier de Javel (XV°) au quartier d’Auteuil (XVI°) et les boulevards extérieurs Victor et Exelmans. Il est très proche des locaux de France-Télévision et de l’hôpital Georges Pompidou ; il tire son nom de la victoire remportée près d’un petit fleuve du centre de l’Italie par le Corps expéditionnaire du Général Juin, en mai 1944.
< <
Afficher Paris sur une carte plus grande
De 1863 à 1962, se trouvait à cet emplacement le viaduc en maçonnerie dit viaduc d’Auteuil, également appelé viaduc du Point-du-Jour. Celui-ci comportait deux étages, le niveau haut pour les trains de la ligne de Petite Ceinture et le niveau bas pour la circulation des véhicules et des piétons. La circulation automobile augmentant et les arches étant trop basses pour la navigation fluviale, son remplacement fut envisagé à partir de 1963 ; un nouveau pont fut inauguré en septembre 1966.
C’est le plus haut pont de Paris, à dix-huit (18) mètres au-dessus du niveau de la Seine (ce qui en fait aussi un lieu de suicides). C’est un pont métallique, le premier pont construit à Paris après la Seconde Guerre mondiale, le plus haut de la capitale, inauguré en avril 1969, long de 209,20 mètres et large de 25, il offre une travée centrale de 92,90 mètres et deux latérales de 58,15 mètres.
Sobre, utilitaire, sans décoration il est constitué par une charpente en acier assemblée sur place recouverte d’une dalle en béton armé. Il est porté par seulement deux piles, proches des rives et enjambe des voies sur berge des deux côtés avant de se raccorder à la terre ferme.
Mais l’histoire de ce pont commence en 1860.
Cette année-là, plusieurs communes et localités périphériques de Paris dont Grenelle (voir l’article Grenelle) et Vaugirard, rive gauche, Passy et Auteuil, rive droite sont rattachées à la capitale. Or, seul un bac relie les deux berges et la construction du Chemin de fer de ceinture prévue pour 1861 constitue une raison pour créer un nouvel ouvrage d’art, voire deux : un pont routier et un pont pour le chemin de fer. C’est un viaduc qui verra le jour (voir photo plus haut) : au niveau inférieur, un pont routier long de 180,60 mètres et large de 31 ; il repose sur 5 arches en maçonnerie de 30 m d’ouverture chacune ; au-dessus, se déploie le viaduc lui-même destiné à la voie ferrée, large de 9 mètres, porté par trente et une (31) arcades en plein cintre s’ouvrant sur 4,80 mètres, formant une promenade couverte, deux (2) arches larges de 9,50 m et de 20 m de portée complétant l’édifice.
Spectaculaire, l’ensemble décoré du « N » de Napoléon III, inscrits dans un écusson au-dessus de chaque pile, marque la limite de Paris côté aval. Sa structure évoque pour le plus grand plaisir des yeux les viaducs antiques. Les travaux durent de juillet 1863 à juillet 1865, le pont est prêt pour l’Exposition internationale de 1867. Il est baptisé Viaduc d’Auteuil en raison de sa position géographique ou viaduc du Point-du-Jour, du nom de la porte proche : porte du Point-du-jour.
Le pont-viaduc connaît un succès grandissant et la gloire pendant les Expositions internationales et/ou universelles, puis le déclin.
A partir de 1900, avec la naissance du métropolitain et plus encore après la création de la ligne 9, le chemin de fer de la Petite Ceinture souffre. En 1934 il est mis fin au trafic des voyageurs.
C’est le seul pont parisien touché par un bombardement pendant la guerre, en 1943 (pas de chance). Il faut le réparer. En 1950, son remplacement est envisagé : la partie ferroviaire est inutile, les arches du pont routier, trop basses et trop nombreuses, gênent la navigation. La vétusté du monument entraîne des travaux de réfection toujours plus nombreux. Et, sous les ponts de Paris, comme dit la chanson, «toutes sortes de gueux» s’installent, dont des squatters (qu’on appelait clochards, cloches, clodos…) parmi lesquels l’abbé Pierre au cours de l’hiver 1954. Voulez-vous écouter Albert Préjean chanter « Sous les ponts de Paris » ? Cliquez LA.
La démolition de la partie viaduc ferroviaire est votée fin 1956 mais n’intervient qu’en 1962. La destruction du pont routier s’effectue en plusieurs temps car il est nécessaire de conserver une voie de communication pendant la construction du nouveau pont entre 1963 et 1966.
Long de deux cent neuf (209) mètres, large de vingt-six (26) avec une chaussée de dix-neuf (19) mètres autorisant une circulation automobile toujours plus dense, le pont est ouvert aux utilisateurs le 1er septembre 1966. C’est le premier de la famille : Grenelle, le Saint-Louis et Alma où l’utilitarisme et le fonctionnalisme sont privilégiés.
L’inauguration officielle a lieu le 24 avril 1967 et c’est ce pont que nous connaissons aujourd’hui. Pour l’égayer (et parce que certains se donnent des airs de mécènes généreux avec nos sous), depuis le 12 décembre 2006, date de l’inauguration de la ligne de tramway « Pont du Garigliano-Porte d’Ivry », le pont porte une oeuvre d’art contemporain : « Le téléphone ».
Amarrée au garde-corps, côté aval, conçue par Sophie Calle, cette création comporte six (6) sortes de pétales métalliques en métal moulé et peint : rouge, rose, jaune, orange, violet qui se déploient sur cinq (5) mètres de haut, quatre (4) de large et trois (3) de profondeur, et forment une cabine téléphonique unique. Le combiné n’a pas de vocation utilitaire. C’est une oeuvre d’art, donc inutile. Vive l’art ! A bas l’utilitarisme ! Encore faut-il en avoir les moyens.
N’imaginez donc pas passer un coup de fil à partir de cet endroit. Il paraît que seule Sophie Calle (la créatrice) garde le privilège de l’utiliser. Elle s’est engagée à appeler plusieurs fois par semaine pendant trois ans ce poste récepteur espérant qu’un quidam décroche lorsque l’appareil sonne. L’ «heureux élu» pourra alors dicuter avec l’artiste entre « huit secondes et quatre heures », selon le bon plaisir de l’artiste… et sans doute du passant. Cette création de bon goût (?) a un coût pour les contribuables parisiens : deux cent soixante neuf mille huit cent quatre vingt euros et trente six centimes (269 880,36).
Est-il utile de préciser que les services d’entretien et de nettoyage de la Ville Paris s’occupent souvent de cette fleur de métal, victime des «violences» urbaines. Elle est régulièrement recouverte de tags.
Merci à http://www.monnuage.fr/photos/ pour la photo des tags sur « Le Téléphone ».
Ne pouvait-on trouver meilleur usage de plus de 250 000€ ?
Laisser un commentaire