- Hier j’ai écrit « tout va à vau-l’eau », non pas pour faire mon intéressante comme notre président qui veut toujours montrer qu’il nous est bien supérieur, mais parce que les expressions de ma grand-mère me reviennent toujours et que de plus en plus j’ai envie de les transmettre pour être sûre qu’elles continueront à vivre. Effet de l’âge ? Besoin de laisser une trace ? Goût de transmettre.
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La locution verbale « aller à vau-l’eau » qui signifie aller de plus en plus mal, se dégrader, péricliter, est bien vieille, elle trouve son origine dans l’ancien français aller à val l’eau. (C’est un drôle de verbe ce verbe aller avec ses « je vais, j’irai, j’allais… irrégulier, c’est sûr et son passé simple peut plaire à certains : tu allas, il alla, nous allâmes, vous allâtes tout comme l’imparfait du subjonctif : que j’allasse, que tu allasses, qu’il allât, que nous allassions, que vous allassiez, qu’ils allassent).
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Je reviens à l’expression du jour aller à vau-l’eau : dès le XIIe siècle, aller à val (ou à vau) signifiait «en descendant le long de la vallée». Jusqu’au milieu du XVIe, l’expression qui a été utilisée par Rabelais avait le sens très concret de « suivre le fil de l’eau » (à la dérive, peut-être ?) mais comme on utilise à la même époque « à val de route » pour dire « en déroute » et « être à vau l’eau » pour parler d’une entreprise qui fonctionne mal, le glissement vers « aller à vau-l’eau » commence à apparaître, tout comme « partir à vau-l’eau« .
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Je relève que donner à « aller à vau-l’eau » le sens de « péricliter » (aller à sa ruine, à sa fin) est approprié, puisque ce verbe péricliter avait dans le premier tiers du XIVe siècle le sens de périr et de faire naufrage. Que des histoires d’eau.
- Aujourd’hui, on oublie « aller à vau-l’eau » et on préfère :
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- partir en brioche
- partir en sucette
- partir en biberine (Marseille)
- partir en freestyle
- partir en eau de boudin
- partir en vrille
- partir en live
- partir en couille
- partir en cacahuète
Avez-vous entendu dans cette chanson de Renaud l’expression du jour ? Renaud, un bon auteur, poète, sensible, sans doute trop, qui aime les mots.
J’aime cette chanson. Pas vous ?
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