« Le travail est un trésor »
Jean de La Fontaine – Le laboureur et ses enfants
Apprendre la grammaire, maîtriser la langue française, c’est travailler aussi.
La pataquès est une faute de liaison, dans la prononciation, consistant à substituer un s à un t final, ou réciproquement, et plus généralement, à faire entendre une consonne qui n’existe pas à la finale du mot précédent.
La principale du collège Jean de La Fontaine à Paris, ce matin, a répété à deux reprises (informations de Télématin à 8 heures), sur la 2) : « on devra T être », au sujet de l’interdiction du téléphone portable dans les établissements scolaires.
Je souris à cause de cette interdiction. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons :
- il y a des professeurs qui utilisent leur téléphone en classe (ma fille aînée a même eu une examinatrice, à l’oral du baccalauréat qui a bavardé pendant une épreuve avec un(e) amie(e) au sujet de la route en corniche qui posait problème ce jour-là).
- comment va-t-on vérifier l’application de la loi ?
- Et surtout qui va sanctionner ? Les enseignants ? Leur travail c’est d’enseigner pas de jouer les gendarmes ni les garde-chiourmes. Qui va oser retirer le téléphone des mains d’un adolescent qui tient à son joujou ? Qui va oser quand il y a trente autres jeunes autour ?
- pourquoi des exceptions déjà : dans le cadre d’un usage pédagogique explicite et spécifique, encadré par les professeurs ; en cas de handicap d’un élève ; selon le règlement intérieur de l’établissement, les modalités d’application seront différentes.
- le ministère a promis des aménagements « à l’américaine » avec des casiers personnels pour les élèves. À quel prix ? Qui financera ? Ce n’est donc pas pour demain.
Là, je me retiens pour ne pas rire franchement. Je m’explique. Dans les salles des professeurs, les enseignants ont à leur disposition un casier fermé, malheureusement ces casiers sont souvent antédiluviens, en bois, sans serrure, en nombre insuffisant d’où « colocation de casier » quelquefois (je me dis que j’aurais dû prendre des photos pour servir de preuve). Les profs sont moins nombreux que les élèves et la place manque déjà. Où installera-t-on les casiers de 600, 800 voire plus encore d’élèves ?
Je reviens sur les déclarations de Jean-Michel Blanquer (le ministre du moment) : « A minima tous les établissements demanderont à ce que le portable soit enfermé dans un cartable et sorti uniquement en cas d’urgence ou d’usage pédagogique justifié. A maxima ils interdiront le fait de l’emmener à l’école » ajoutant «la création de « casiers » est une possibilité mais ce ne sera « pas une mesure générale et uniforme ». (Encore deux poids, deux mesures, selon que vous serez dans un établissement « nanti » ou pas.)
Un point me tracasse : « A maxima ils interdiront le fait de l’emmener à l’école » or bon nombre de parents sont inquiets et dotent leur(s) enfant(s) de téléphone pour pouvoir les joindre et leur donner des consignes pour rentrer à la maison, se retrouver, organiser les repas… Comment gérer cette interdiction « niveau maximal » ?
Mais pourquoi les téléphones sont-ils interdits ?
- Pour ne pas perturber les cours avec les sonneries intempestives, les SMS… ;
- pour favoriser l’attention des élèves en classe ;
- pour favoriser la communication entre les élèves dans les cours de récréation ;
- pour lutter contre les « incivilités » constatées dans les établissements (racket, vol, harcèlement)
- pour limiter l’exposition des plus jeunes à des images choquantes, violentes ou à caractère pornographique.
Attention : le harcèlement via les réseaux sociaux, à l’aide des smartphones et autres moyens de communication, ne sera pas résolu par l’interdiction du portable à l’école puisque ce harcèlement s’effectue surtout en dehors des heures de cours : le soir ou le week-end.
Moi ce que je vois surtout c’est :
- comme toujours de la communication pour éviter de parler des vrais problèmes ;
- une déresponsabilisation des jeunes et leur infantilisation complète donc une certaine forme de mépris ;
- des diktats inapplicables, voire même inacceptables ;
- des contradictions, en effet « Le Ministère de l’Education Nationale a demandé aux établissements de faire un PPMS (Plan particulier de mise en sûreté) ce qui oblige, nécessite, l’envoi par la direction de l’établissement d’un SMS.
Comment pourra-t-on recevoir ce(s) SMS si le portable a été confisqué par le Ministère, le Proviseur ou le Principal ?
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