Aujourd’hui, c’est la rentrée des classes. Les écoliers retournent à l’école les cartables remplis de fournitures colorées, portant des vêtements (bien souvent de marque), nous sommes le 3 septembre. Moi, je suis grand-mère et je me souviens être rentrée beaucoup plus tard, fin septembre et peut-être même début octobre. Je me souviens de la période de pré-rentrée (mi-septembre) choisissant des chaussures neuves qui devraient « faire l’année » si possible.
Autrefois, la rentrée scolaire se passait un peu plus tardivement que de nos jours, début octobre soit un mois plus tard : le 1 octobre en 1947 ; après je ne sais pas précisément mais j’ai vraiment l’impression que c’était octobre.
Alors que la date de la rentrée est restée longtemps fixée au 1er octobre, le début des vacances est avancé d’abord au 9 août (en 1875), puis au 1er (en 1891), pour se retrouver fixé le 14 juillet à partir de 1912. La rentrée dans une France encore bien agricole se fait début octobre pour tenir compte du fait que les enfants de paysans doivent aider leurs parents aux activités rurales saisonnières, une réalité qui évolue au fil du temps et qui aujourd’hui ne se justifie plus ainsi, en 1983, la rentrée est fixée début septembre. (Autrefois chaque établissement scolaire disposait d’un calendrier spécifique en fonction des traditions agricoles des régions : vendanges, moisson du blé, récolte du maïs…)
Les petites vacances, sujets de discussions (car ce n’est pas l’intérêt des enfants qui est pris en compte mais celui des hôteliers et autres lobbies du tourisme, d’où la création des trois zones en France), réparties durant l’année scolaire, avaient été fixées à l’origine en fonction des dates des principales fêtes catholiques. Le tourisme prend le pas sur l’agriculture et la religion.
Au départ donc, les travaux agricoles passaient avant tout et les vacances ne rimaient pas encore avec plage, soleil et détente. ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale et pendant les « Trente Glorieuses » que les familles de salariés, qui bénéficiaient de congés payés depuis 1936, étaient de plus en plus nombreuses à partir en vacances. Face à ces nouvelles habitudes : en 1959, le gouvernement a décidé « d’avancer » les vacances au 1er juillet et de programmer la rentrée scolaire à la mi-septembre. Toutefois, certains enfants de plus de 12 ans étaient autorisés à ne reprendre l’école que le 1er octobre pour participer aux travaux des vendanges, fin septembre. Les grandes vacances pouvaient donc durer jusqu’à 3 mois !
Parlons aussi de la journée des écoliers qui était bien plus longue qu’aujourd’hui ; elle débutait plus tôt jadis, d’autant plus tôt que la route vers l’école pouvait être difficile : pas de ramassage scolaire ni d’automobile familiale, c’était à pied que les enfants se rendaient en classe. Le chemin pouvait être interminable pour ceux habitant dans les hameaux à l’écart : il fallait traverser des champs, par tout les temps. Le chemin des écoliers pouvait être agréable, on cueillait des fleurs, on ramassait des noisettes, on faisait des batailles de boule de neige selon les saisons. Pas de cantine non plus, il fallait emporter sa « gamelle ».
Ensuite en classe, chaque élève risquait des punitions oubliées depuis comme cet infâme bonnet d’âne, le confort était réduit : salles de classe surpeuplées, sombres, bien souvent glaciales l’hiver, bureaux noirs et antédiluviens et les encriers pour l’écriture à la plume en pleins et déliés… Que de difficultés qui n’existent plus ! Oubliés les pâtés, les buvards, l’ardoise et la craie avec son chiffon !
Oublié aussi le tablier, le sarrau ou la blouse, cette blouse qui dissimulait uniformément les tenues vestimentaires et prônait l’égalité de rang et de condition, la laïcité aussi.
À l’école on apprenait chaque matin la morale et l’hygiène. La maîtresse (ou le maître) contrôlait les mains pour vérifier qu’elles étaient bien propres et pour éviter ainsi la propagation des maladies. Je me souviens que mon institutrice de C.P., Madame Froment, regardait tous les lundis matins nos oreilles, notre cou et nos cheveux. Honte à celle qui avait des lentes ! (C’était toujours la même pauvre gamine.) S’il n’y a jamais eu d’alerte aux poux dans les classes que j’ai fréquentées, c’est que la chasse était ouverte aux lentes. Prévenir plutôt que guérir ! La méthode était rude mais efficace.
Les temps changent. En mieux ? Pas si sûr.
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