Non pas de leçon de biologie ici mais une fable de La Fontaine (inspirée comme toujours d’Ésope) : il y a matière à réflexion sur les Hommes, bien sûr.
Les Grenouilles qui demandent un roi
- Les grenouilles se lassant
- De l’état démocratique,
- Par leurs clameurs firent tant
- Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
- Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique:
- Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant,
- Que la gent marécageuse,
- Gent fort sotte et fort peureuse,
- S’alla cacher sous les eaux,
- Dans les joncs, les roseaux,
- Dans les trous du marécage,
- Sans oser de longtemps regarder au visage
- Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau.
- Or c’était un Soliveau,
- De qui la gravité fit peur à la première
- Qui, de le voir s’aventurant,
- Osa bien quitter sa tanière.
- Elle approcha, mais en tremblant;
- Une autre la suivit, une autre en fit autant:
- Il en vint une fourmilière;
- Et leur troupe à la fin se rendit familière
- Jusqu’à sauter sur l’épaule du roi.
- Le bon sire le souffre et se tient toujours coi.
- Jupin en a bientôt la cervelle rompue:
- «Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue.»
- Le monarque des dieux leur envoie une grue,
- Qui les croque, qui les tue,
- Qui les gobe à son plaisir;
- Et grenouilles de se plaindre.
- Et Jupin de leur dire : « Eh quoi ? votre désir
- A ses lois croit-il nous astreindre ?
- Vous avez dû premièrement
- Garder votre gouvernement;
- Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
- Que votre premier roi fut débonnaire et doux
- De celui-ci contentez-vous,
- De peur d’en rencontrer un pire.»
***
Jupin : surnom burlesque de Jupiter. On le retrouve souvent chez La Fontaine.
Gent : terme (péjoratif) pour race ou espèce.
Soliveau: Pièce de bois posée sur les poutres de la charpente. Remarquez le « s » majuscule qui convient – ironie – à un souverain.
*****
Les peuples seraient-ils toujours insatisfaits ?
Laisser un commentaire