La loi nous protège

J’ai envie de philosopher un peu, ce matin, j’ai envie d’écrire que la loi est là pour nous protéger de nos propres désirs, ceux qui nous feraient courir à notre perte si l’autorité de la loi n’était pas là. Rouler trop vite sur une route que je partage avec mes concitoyens ou prendre à mon voisin le bien que j’ai envie de posséder par exemple. La loi remplace en quelque sorte la morale défaillante. Encore faut-il connaitre la loi et être persuadée qu’elle va être appliquée.

Malheureusement, la loi est de moins en moins dissuasive (combien de voyous relâchés avec un simple rappel à la loi ? Aucune peine de prison. Les prisons débordent.) Sans compter aussi que la multiplication des textes fait qu’on les ignore délibérément ou non. Une activité très « tendance » est « encadrée » : les vide-greniers ; ils sont soumis à une réglementation précise destinée à éviter les abus (revente d’objets volés), mais les contrôles sont rares. Qui sait, par exemple, qu’on ne doit pas participer à plus de deux par an ? Voilà qui est bien français, réglementer à outrance et ne pas faire respecter grand chose, sauf à chipoter avec les plus sages, les plus soumis. Combien de petits retraités soumis à l’impôt sont harcelés alors que de gros nantis ne sont pas embêtés. Vous savez que Thomas Fabius, le fils de Laurent Fabius, notre Ministre des Affaires Étrangères, tout juste âgé de 31 ans, s’est offert en juin 2012, l’ancien appartement du réalisateur Claude Zidi, 280 mètres carrés situés au 199 bis d’une des artères les plus huppées de la capitale. Comment ce jeune homme, fils du numéro deux du gouvernement, qui ne paie pas d’impôt sur le revenu alors qu’il est résident fiscal en France, a-t-il pu acquérir un bien de sept millions d’euros sans que les services de Bercy cherchent à en savoir plus ? Y a-t-il une loi qui le protège, lui ? La loi doit s’appliquer à tous de la même manière.

Il n’y a plus d’État dès lors que les élites font leur marché parmi les textes et appliquent seulement ceux qui leur conviennent.

Je reviens à un domaine plus traditionnel, celui des successions, rien n’est aussi simple qu’on le croit. Des parents mal disposés à l’égard de leurs enfants peuvent les spolier sans crainte, juste pour le plaisir de faire du mal. Il y a des mauvais enfants mais les mauvais parents existent, les pires sont ceux qui ont bonne conscience, soignent une belle image devant les autres et veulent mentir même au Dieu auquel ils disent croire. Il suffit de trouver des notaires complaisants, d’oublier de donner certains détails, par exemple qu’on a été marié avant et qu’on a eu un enfant de ce mariage précédent. Les notaires ne vérifient pas ce qu’on leur dit, ils se contentent des déclarations. Quand vous comprenez cinquante ans plus tard, il ne reste plus qu’à sourire en disant ; « grand bien leur fasse ! Que le fric les étouffe ! » et d’ajouter « s’il y a quelque chose après et qu’on a des comptes à rendre, ça va être drôle, le moment des explications. » Je vous ai déjà dit qu’il était préférable de rire de tout. Pleurer pour de l’argent n’en vaut pas la peine. Il n’y a que les petits objets à grande valeur sentimentale que l’on peut regretter et encore, on peut se faire une raison.

Il ne faut pas oublier que lorsqu’on a obtenu ce que l’on désirait, on se met illico à désirer autre chose. Je me souviens que ma sage grand-mère répétait qu’il ne fallait pas être un éternel insatisfait pour être heureux ; elle ne disait pas de se contenter du minimum mais de se contenter de peu, du raisonnable.

Le problème des individus du XXI° siècle, c’est qu’ils sont semblables à des tonneaux percés qui se vident à mesure qu’on les remplit. Il leur faut toujours plus. Pourquoi ? Pour cette éternelle insatisfaction ? Pour avoir plus d’argent, ce qui ne les rendra pas plus heureux. Par désir d’être en vue, plus même que par désir de pouvoir, juste pour « être dans la lumière » et pouvoir se dire « je vaux mieux que toi puisqu’on me regarde ». La seule chose qu’ils désirent, c’est contraindre l’autre à avouer son infériorité. Orgueil ? Même pas. Superficialité dans laquelle on vous maintient avec la téléréalité et la presse-poubelle. Mais qui manipule ça, plus haut ?

Retenez aussi qu’aucun tyran n’est assez sot pour prétendre confisquer la souveraineté populaire au nom de son seul intérêt ; il justifie sa dictature au nom du bien commun et vous explique que tout est fait pour que tout aille mieux sinon parfaitement.  Mieux et bien pour qui ?

Je vous assure, je vais bien. J’ai le moral. Je me dis que vraiment « y a du boulot avant que ça aille mieux. »


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