Ces derniers jours, j’entends beaucoup parler de peur. Peur des voyous qui font ce qu’ils veulent, se servent dans les magasins, harcèlent les femmes dans la rue, peur des cambrioleurs, des attaques diverses, peur de perdre son emploi, peur de manger des saletés, peur du froid, peur de la maladie, peur de la pauvreté, peur de l’autre… Pourquoi avons-nous si peur ?
Si la peur est nécessaire à la survie de l’espèce, il arrive un moment où elle ne fait que gêner. On blablate maintenant mais on n’agit plus. On… Si nous disions NOUS, peut-être nous sentirions-nous plus concernés ?
Je me souviens de deux petites phrases de Tahar Ben Jelloun : « Je vous demande d’arrêter la planète, je descends ; j’ai peur, je ne me sens plus en sécurité, je ne contrôle plus rien, je panique et je ne sais plus où va le monde et ce que font les hommes. »et d’une très belle chanson de Serge Gainsbourg, « Quoi » interprétée par Jane Birkin, avec la même remarque : « Moi, J’aimerais que la terre s’arrête pour descendre »
Ben, moi aussi je voudrais bien descendre de ce manège avec ma smala, mais je ne peux pas. Comme vous ! Alors ? Que faire ?
Revenons à la réalité et à nos peurs, le 30 septembre 2012, Tahar ben Jelloun déclarait au journal « La Nouvelle République » : «L’exemple du Mali devrait alerter toutes les capitales, car nous avons là une espèce de hold-up sur une partie du pays par des bandes de voyous venus d’un peu partout, du Sahel, du désert, de l’Algérie, de la Mauritanie… Ce sont des bandes de trafiquants de drogue. Des tonnes de cocaïne passent par le nord du Mali et un trafic de cigarettes, énorme, est assuré par cette route-là. Cela n’a rien à voir avec l’islam et la politique. C’est la même chose pour l’Afghanistan et le Pakistan où les guerres sont maintenues pour le trafic de l’opium. L’islam n’est qu’un prétexte mais derrière cela, il y a des gangsters, des mafias.»
Il ajoutait : «Plus la crise va se faire sentir, plus les tensions vont être énormes. Quelqu’un qui perd son travail perd aussi sa dignité, sa patience, rentre lui-même dans une crise psychologique. Les réactions d’un homme blessé, parfois, peuvent être imprévisibles. La crise est très mauvaise pour assurer la sérénité, la sécurité d’un pays.»
Un homme sensé, ce monsieur Ben Jelloun. Nous ne sommes pas idiots, non plus. Nous avons, il est vrai, de nombreuses raisons d’avoir peur. Il faut avoir le courage de le dire et surtout il faut combattre cette peur « ensemble ».
Souvenez-vous de ces mots de Victor Hugo : « Un peuple qui a la liberté, doit aussi avoir la volonté. » (Actes et *Paroles) et de ceux de Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »
Quel avenir pour nous et nos enfants ? Il faut nous battre pour eux, pour leur avenir. Nous sommes responsables si des adolescents meurent à la sortie du collège ou même dans leur établissement scolaire. Nous sommes responsables si… elle est longue la liste de ce qui va mal. Nous avons laissé pourrir des situations. Il faut nous réunir pour faire changer les choses puisque nos élus ne nous écoutent plus.
Aujourd’hui, je vois que les dirigeants s’arrangent entre eux, nous endorment, nous empoisonnent dans tous les sens du terme. Je vois aussi que l’austérité pour la classe laborieuse, c’est une austérité organisée par la finance internationale qui contraint les élus à appauvrir le peuple pour enrichir les banques. Regardons ce qui se passe à Chypre. Il faut nous réveiller avant qu’il ne soit trop tard.
Le printemps sera-t-il chaud ?
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