Réduire le nombre de morts sur la route est un projet louable mais il ne peut être crédible si le gouvernement ne s’attaque pas à toutes les causes des accidents graves. Il y a l’alcool ou la drogue, la vitesse et aussi les poids lourds.
Pas besoin de voir « Duel » pour avoir peur sur les routes. Vous pouvez rencontrer un chauffeur fou. N’avez-vous jamais vu un poids lourd doubler en troisième position sans clignotant ? Un autre vous « sucer la roue » ? Un autre encore vous faire une queue de poisson ?
Toujours plus nombreux sur les axes routiers, faute de choix du ferroutage (trop coûteux et peu pratique, paraît-il), les camions de plus en plus gros sont dangereux, pour plusieurs raisons : les méthodes de gestion des entreprises (flux tendus, sous-traitance, fabrication délocalisée) et les conditions de travail des entreprises de transport routier (temps de conduite au-delà des limites légales, vitesse excessive, oubli de la sécurité, chauffeurs étrangers sous-payés, recrutés dans les pays d’Europe de l’Est, là où le permis de conduire peut être « acheté » ). Tout ça pour des raisons d’économie, disons le clairement : pour obtenir un profit maximum. Il faudra toujours des routiers (qui sont souvent sympas) mais il faut les aider à vivre correctement et à ne pas devenir des forçats de la route.
Le gouvernement reste aussi silencieux sur une autre cause d’accident : la consommation massive de tranquillisants et de somnifères (la France est au premier rang mondial pour l’absorption de ces produits par habitant). Les médicaments sont comme la drogue et l’alcool : redoutables.
Les deux autres causes, celles dont on parle le plus : l’alcool et la vitesse excessive sont mises sous les projecteurs dans un récent reportage de TMC «90’» : les accidents de la route à Toulouse. J’ai regardé et j’ai frémi de peur même si j’ai vu aussi des images qui prêtaient presque à sourire. Un jeune un peu imbibé qui faisait des pompes et des exercices physiques pour faire baisser le taux d’alcool dans l’air expiré, et une copine dévouée qui proposait de l’argent et même de «faire l’amour» à un gendarme pour que son amie ne perde par son permis de conduire. Choquant. Oui. Pas de moralité. C’est de la prostitution, ni plus ni moins.
Je pense que ce reportage était un bel exposé pour nous faire prendre conscience des dangers sur la route mais aussi de l’irresponsabilité de certains.
Je crois qu’il n’est plus vraiment nécessaire d’insister sur les contrôles mis en place et sur la répression, nous savons qu’ils existent et si nous sommes responsables nous ne prenons pas de risques pour nous et pour les autres. Ce qui me gêne et qui vous dérange peut-être aussi, c’est d’avoir le sentiment que plus que la sécurité, c’est l’extorsion de fonds qui en mise en place : radars «pompes à fric». J’ai eu une période « contrôles incessants », avec un record de deux contrôles en vingt minutes sur une distance de deux kilomètres. Délit de faciès ? Misogynie ? Les paris sont ouverts. J’ai même eu droit à un aveu d’ un policier municipal : « je vais bien trouver quelque chose pour vous aligner ». Et, eh eh, il n’a rien trouvé et m’a dit de circuler de façon fort méchante.
Ceux qui paient en fin de compte, ce sont souvent les petits contrevenants (voire même des innocents), les gros ne craignant rien soit parce qu’ils ont des relations, soit parce que l’argent leur arrive plus facilement et que la prison ne les effraie pas. Sans aucun doute, punir les petits est utile mais pourquoi les gros échappent-ils à la justice ? On a vu des ministres avec chauffeurs en infraction pardonnés pour «raison d’état». Je repense à Lady Di, son chauffeur roulait trop vite, il avait de bonnes raisons (fuir les paparazzi) mais il devait avoir l’habitude… A la Réunion, une femme a été arrêtée pour excès de vitesse alors qu’elle emmenait son mari, victime d’un infarctus, à l’hôpital. Elle aurait pu appeler une ambulance et attendre. Elle a jugé bon de conduire elle-même. Les policiers qui l’ont verbalisée, n’ont pas voulu l’entendre ni l’aider : son mari est mort dans la voiture. Que lui est-il resté ? Des larmes pour pleurer. Cas extrême, oui mais bien réel. Comment ne pas crier à l’injustice quand on sait ça ?
Rien n’est nouveau mais ces iniquités répétées font souffrir la France d’en bas, celle qui se tait, celle que personne ne veut ni entendre ni écouter. Comment régit une personne qui se sent harcelée ?
Attention, un jour, le ras-le-bol sera peut-être trop fort et ???
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