Du spleen à Voltaire

Fatiguée, lassée, désabusée, dégoûtée, découragée… Voilà. J’ai des choses à dire mais je pense « à quoi bon ? » et je cultive paisiblement mon jardin, tel Candide. À chacun sa méthode. Je gratte la terre et mon esprit peut vadrouiller en liberté, je pense un peu à tout : à mes enfants, mes petits-enfants, à l’école, l’instruction, la politique, aux élus divers, au mensonge, à l’hypocrisie, la malhonnêteté, le  dévouement, le bien, le mal, à mes  lectures plus ou moins anciennes… Je me souviens et le moral monte et baisse au gré de mes idées.

Le spleen (de Paris de Baudelaire, spleen de Paris ou d’ailleurs) est un état affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l’ennui, la tristesse vague au dégoût de l’existence, nous avons tous pu ressentir des moments de spleen durant la période surprenante que nous venons de vivre : le confinement « première version » et qui recommence, différemment mais qui nous plonge dans une incertitude permanente.

Durant notre premier « enfermement », nous avons pu réfléchir, penser à la nécessité de changer le monde dans lequel nous vivons et aujourd’hui, je suis toujours plus convaincue que nous nous sommes faits avoir par les médias et le(s) pouvoir(s) en place qui ont voulu reprendre la vie d’avant sans rien changer.

Nos contemporains ont peur, ils veulent retrouver le confort antérieur pour ne plus être angoissés, pour se sentir rassurés mais la vie n’est pas si simple quand les pouvoirs (politique et médias) serinent qu’il faut avoir peur, peur de tout, de tous, du virus, des extrémistes, mais surtout pas d’eux, les « têtes » qui sont nos protecteurs. Mais qui donc crée et entretient cette incertitude permanente et néfaste ?

Pour être heureux, il fut prendre des risques, ne pas obéir aveuglément ; les terroristes, les Résistants des années 40 ont eu du courage pour secouer l’ordre établi, ils l’ont payé de leur vie. Aujourd’hui que pouvons-nous faire ?

La période surprenante que nous avons vécu et la période actuelle devraient nous faire réfléchir davantage. Plus rien ne peut être comme avant Il est indispensable de bien se mettre en tête les mots suivants : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux » (citation apocryphe attribuée à Benjamin Franklin, homme politique, scientifique et père fondateur des États-Unis).

Je suis choquée par l’abus du mot SÉCURITÉ : «Sécurité publique», «sécurité alimentaire», «sécurité énergétique», «sécurité des frontières», «sécurité routière», « sécurité du travail »…, la sécurité constitue un principe régulateur, infantilisant, liberticide.

Depuis des mois, des années, petit à petit, la tension s’est installée entre la sécurité policière, la sécurité juridique, la sécurité militaire, tous prétendent combattre «l’ennemi intérieur» avec plus ou moins de moyens, de chance et de résultats. Qui sont les véritables ennemis : les fichés S, les noirs, les gilets jaunes, les intellectuels de gauche, d’extrême-droite, la police, les gendarmes, les femmes, les profs,… ? Chacun désigne le sien mais la police et l’armée servent la classe dirigeante et non plus l’État et les citoyens. La réalité est que ce sont les simples citoyens, les tranquilles qui sont les plus embêtés, ceux qui sont privés de liberté et que l’on taxe (amendes diverses et quelquefois injustifiées). Autrefois, on enfermait les délinquants et les malades, aujourd’hui on prive de liberté les citoyens dociles et en bonne santé pour les protéger. De qui ? Du virus ?  Il a bon dos le coronavirus.

Je m’inquiète du tour que prennent les événements. Manu a dit, un jour :

« Allez en dictature ! La dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. »

Euh… Je crois que c’est ce qui se passe en France depuis des mois, non ? Qui décide, en catimini le plus souvent, des nouvelles lois  ? Alors ? Si ce n’est pas la dictature qu’est-ce que c’est ?

Ce n’est plus L.R.E.M. mais L.D.E.M., La Dictature En Marche, DEM, pas démocratie. Manu devrait tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler et réfléchir pour de vrai avec une vision à long terme quand il prend ses décisions irresponsables.

Je reviens au bon sens (qui fait défaut trop souvent), à la simplicité, à Candide et son jardin. Voltaire a pris soin de préciser que le jardin d’Eden n’a pas été créé pour que l’homme s’y repose mais « ut operaretur eum » ( mais pour qu’il le travaillât),  ce qui devait prouver que l’homme n’est pas né pour le repos (pourtant il est doux de ne rien faire de temps en temps sauf que depuis le confinement version 2.0, c’est boulot, métro, dodo, plus de repos en liberté). Même si aujourd’hui, nous trouvons le réconfort dans les jardins (quand on a la chance d’en avoir un) : que de travail en amont pour qu’ils soient beaux et productifs !

Lorsque Candide décide de cultiver son jardin, à la fin de ses pérégrinations, il a découvert que la clé du bonheur est de vivre modestement. Quand aurons-nous enfin compris la leçon ?

Il faut en finir avec les apparences, le fric et les mensonges. Va-t-il falloir y être contraints par les événements ou pourrons-nous faire, ensemble, paisiblement, pacifiquement surtout, ce choix rationnel ?

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