Punitions

L’école fut longtemps un lieu de dressage dont les méthodes étaient variées et ont évolué au cours des ans. Les punitions, (les puningues dans l’argot scolaire de mon quartier), méthodes coercitives ont fait leurs preuves. Aujourd’hui, la punition n’a plus vraiment la cote auprès des éducateurs, sa valeur éducative et son efficacité sont contestées. 

Pourtant jusqu’à une époque pas si éloignée, la punition était considérée comme un instrument indispensable à toute éducation : on dressait les enfants, on les matait. Parmi les punitions, les châtiments corporels figuraient en bonne place ; ils n’étaient pas perçus comme une intolérable violence mais au contraire comme une marque d’amour des parents et éducateurs à l’égard des enfants, souvenez-vous du « qui aime bien, châtie bien ». Cela peut paraître étrange aujourd’hui mais les mauvais parents n’étaient pas ceux qui infligeaient à leurs enfants des châtiments douloureux et justifiés, mais au contraire ceux qui laissaient leurs enfants donner libre cours à leurs penchants naturels ce qui risquait de les mener à leur perte. Certains éducateurs pensaient à fixer des limites et des règles dans l’application de ces châtiments comme celle de ne pas frapper les enfants à main nue mais d’utiliser la férule, le martinet ou le fouet. En conseillant de ne pas donner de gifles, de coups de pied mais d’utiliser un instrument précis pour administrer la punition, les pédagogues voulaient éviter que la punition soit infligée sous le coup de la colère. A partir du XVIIIe siècle, les certitudes en matière de châtiments commencent à subir une profonde remise en question. Les philosophes réclament une humanisation des peines appliquées par la justice et même l’abandon complet des châtiments corporels.

À la même époque, l’enfance est « traitée » différemment selon la région, le pays et le milieu social ; les marques de tendresse peuvent s’exprimer ouvertement sans subir la censure des moralistes, on se permet une autre manière de manifester son amour pour ses enfants mais dans la pratique, des enseignants continuent à avoir recours plus ou moins ouvertement aux châtiments divers ; je me souviens des cheveux et des oreilles tirés, des coups de règles sur les doigts ou sur les fesses et même du « secouage » sur l’estrade. Certaines institutrices étaient des terreurs, je dois dire que je n’ai jamais été victime de violences physiques de la part d’un enseignant, d’autres punitions m’ont été infligées : des copies de lignes, des conjugaisons, des lignes à apprendre par cœur, enfin des « tours des arbres » dans la cour de récréation (au lieu de jouer, j’étais condamnée à tourner autour d’un platane, d’autres fillettes vivaient le même châtiment auprès d’un autre arbre ; j’ai même eu droit à un « combo » : tour des arbres en apprenant un texte (exercice physique et intellectuel).

De nos jours, la punition n’a plus la cote auprès des éducateurs, elle est considérée « comme une mesure de dernier recours, à utiliser uniquement lorsque les autres techniques n’ont pas donné des résultats». Elle est même jugée néfaste car elle a ce caractère aléatoire et arbitraire qui fait naître le sentiment d’injustice et a loi interdit d’ailleurs tout châtiment corporel de l’enfant mais combien de parents excédés.

Voilà pour les châtiments scolaires mais dans la société des adultes, il y avait d’autres punitions pour obliger les individus à rester dans le droit chemin et à payer leurs erreurs. Les travaux forcés étaient dissuasifs, sans doute plus que la peine de mort. Il y a eu malheureusement des excès : Jean Valjean au bagne pour voir volé un pain, mais la crainte de la punition a peut-être convaincu à filer droit.

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