Faut-il encore travailler pour vivre ? Rien n’est moins sûr et c’est un sujet très long à traiter. Une chose est certaine à mes yeux: il ne faut pas vivre pour travailler et pourtant c’est un défaut fréquent de nos jours, en particulier chez les cadres et les ingénieurs. J’en ai souffert avec mon mari : j’ai vécu une vie de femme seule avec enfants, certes sans les problèmes financiers, mais seule. Aujourd’hui je souffre en regardant mes enfants qui consacrent trop de temps à leur emploi.
l leur faut assimiler qu’ils ne vivront pas éternellement.
Les fameuses trente-cinq heures qui devaient être une réelle avancée sociale pour les salariés (davantage de temps libre) n’ont pas été profitables à tous. Cette durée légale comporte (comme c’est la tradition en France) de nombreux dispositifs dérogatoires : le forfait-cadre, par exemple, est indéniablement une escroquerie nationale : travailler plus pour gagner moins. Journées qui s’éternisent au bureau, mails et téléphone à domicile, soirs de semaine et week-end compris, pas de répit pendant les vacances… Le statut de cadre est un attrape-gogos, c’est un « titre » qui induit davantage de responsabilités mais ne donne pas les contreparties que l’on est en droit d’espérer, celles-ci étant souvent accordées, non pas aux résultats mais à la « tchatche » bien souvent. Il n’est pas nécessaire de travailler vraiment, il suffit de le faire croire. Les cadres consciencieux vous diront « je suis cadre donc il est normal que je travaille beaucoup ; c’est comme ça. » Braves petits soldats ! Les patrons peuvent se frotter les mains quand ils les ont trouvés, ces dévoués à l’extrême.
Tant que les salariés de notre pays (cadres, employés, ouvriers) n’auront pas compris qu’ils ont une cause commune à défendre : le statut de salarié, tant qu’ils se braderont individuellement et qu’ils accepteront de se soumettre à des exigences abusives, rien ne changera à l’exploitation de l’Homme par l’Homme.
Ce qui me chagrine le plus c’est que nous vivons depuis quelques lustres dans l’hystérie productiviste (capitaliste le plus souvent) ; c’est la tyrannie de l’efficacité et de la compétition. Ah, les objectifs à atteindre ! (On passe sous silence les petits arrangements des chiffres comme ceux des Plans en Russie ou même de l’INSEE.)
Ce qui est curieux , c’est que dans le même temps, on cesse de noter et de classer les élèves à l’école et l’on tente de faire disparaître les filières de l’excellence dans l’enseignement supérieur. On fait du nivèlement par le bas au lieu d’aider à progresser ceux qui le pourraient.
Notre monde vénère la « réussite », celle qui est basée sur les apparences seulement. Monde de poudre aux yeux et d’hypocrisie !
Pourquoi admire-t-on tant les footeux surpayés ? Les Nabila, Loana ou autre Zahia ? Pourquoi rêve-t-on tant d’argent facilement gagné, sans réels efforts ? Pourquoi l’émission Koh-Lanta a-t-elle tant de succès ? J’arrête là cette liste.
Je crois que le modèle social actuel est bien sur sa fin, nous, Humains, sommes tous perdants dans ce monde sans morale. Seuls s’en sortent pour le moment les « empereurs du fric » et les baratineurs. Comme nous ne pourrons pas faire la révolution qui s’impose car la violence risque de dépasser l’imagination, il faudrait arriver à faire une révolution en douceur et, croyez-moi, elle a commencé.
Oui elle a commencé : regardez attentivement les frémissements sociaux qui se répandent.
Combien ont décidé de ne plus travailler, alors que règne le chômage ? Combien sont-ils ? Allez savoir ! Dans les statistiques françaises, ce sont les « inactifs en âge de travailler », « ne travaillant pas et ne cherchant pas de travail ». Tous n’ont pas gagné au Loto ou à Euromillions mais tous ont réduit leurs dépenses ; ils vivent généralement avec un salaire pour deux ou même, comme dans les années 1970, en communauté et ils disent s’en satisfaire certains allant même jusqu’à avouer y avoir gagné en qualité de vie.
Ils ont fait ce choix, n’ont pas pris cette décision sur un coup de tête ; ils n’ont pas tous été dégoûtés de leur métier mais ils ont tous adopté un autre mode de vie. Ils ont choisi de se consacrer à des activités qu’ils jugent valorisantes : élever leurs enfants, pratiquer un art, construire une maison… Vivre autrement et surtout hors du système.
C’est comme cela que se fera la révolution : avec la décroissance. Travailler, dépenser, consommer moins et mieux.
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