Sauvage. Un mot, un adjectif aux sens multiples. Est sauvage ce qui n’a pas subi l’action de l’homme. Je pourrai écrire que sauvage, c’est être conforme à l’état de nature antérieur aux formes de civilisations dites évoluées. Je ne peux m’empêcher de penser à Jean-Jacques Rousseau qui parlait du « bon sauvage » et proclamait « l’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt ». Avait-il raison ? C’est un long débat car nous pouvons aussi penser que le sauvage est violent par son côté animal.
Quand on parle d’une personne et qu’on la dit sauvage c’est soit qu’elle s’accommode mal de la vie en société, qu’elle fuit les contacts humains et recherche la solitude, soit qu’elle est violente, cruelle, rappelant les époques barbares de l’humanité quand les « humains » n’étaient encore que des hordes plus ou moins anthropophages. Tout ça pour vous demander qui est le sauvage dans l’affaire suivante.
La demande de libération de Jacqueline Sauvage a été de nouveau rejetée.
La cour d’appel de Paris vient de rejeter à nouveau, ce jeudi 24 novembre, la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent .
Après un premier refus du tribunal d’application des peines de Melun (Seine-et-Marne) le 12 août dernier, la cour d’appel de Paris, à son tour, vient de rejeter cette demande d’aménagement de peine, à laquelle le parquet général ne s’était pourtant « pas opposé ». L’arrêt rendu à huis clos a été communiqué aux avocates de Jacqueline Sauvage, qui pourra déposer une nouvelle demande de libération.
Le 10 septembre 2012, cette femme avait tué son époux de 65 ans de trois coups de fusil dans le dos. En première instance en octobre 2014, comme en appel en décembre 2015, Jacqueline Sauvage avait été condamnée à dix ans de réclusion criminelle malgré l’absence de préméditation (et les circonstances atténuantes : les trois filles du coupe avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues comme l’était leur mère) mais il n’y avait pas de légitime défense.
Cette condamnation avait suscité une vague d’indignation et après la mobilisation de ses filles, de nombreux élus et de personnalités ainsi que de plus de 400 000 anonymes, Jacqueline Sauvage avait obtenu le 31 janvier 2016 une grâce partielle du présidentFrançois Hollande, notamment de la période de sûreté, lui permettant de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle. Or, presque dix mois plus tard, Madame Sauvage est toujours en prison.
Pour lui refuser sa libération, le tribunal d’application des peines reproche à Jacqueline Sauvage « de ne pas assez s’interroger sur son acte » et estime qu’elle ne pouvait « prétendre vivre à proximité des lieux des faits, dans un environnement qui, compte tenu des soutiens dont elle bénéficie et de la médiatisation des faits, risquerait de la maintenir dans une position victimaire ». (Elle est tellement mieux dans une prison sans doute surpeuplée à presque soixante dix ans après plus de quarante années de martyr sous les coups d’un mari violent.)
Symbole des victimes de violence conjugale, Jacqueline Sauvage est maintenant victime de la justice qui estime ainsi qu’elle n’a pas cherché d’autres solutions que de tuer son mari pour s’en sortir ; elle n’est toujours pas reconnue en tant que victime, femme battue et demain le 25 novembre c’est la Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Jolie décision pour ce jour que de maintenir en prison une femme victime qui s’était tue longtemps avant de tuer. Elle s’appelle Sauvage, certes mais la justice cruelle, inhumaine n’est-elle pas plus sauvage encore ?
Cette justice qui fournit des bracelets électroniques à des délinquants bien plus dangereux que cette femme, qui bichonne des tueurs, qui se plaint de voir les tribunaux encombrés… cette justice (les juges qui ont pris cette décision inique) devrait être condamnée pour non-assistance à personne en danger.
Et pourquoi Monsieur Hollande n’intervient-il pas ? Je crois bien qu’il a un pouvoir régalien en matière de grâce.
(Mais on sait comment il considère et traite les femmes.)
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