Ah les mots ! Comme je les aime. Ils vous font rêver ; ils vous aident à réfléchir, ils vous permettent de vous exprimer ; malheureusement ils ne sont pas toujours entendus comme on l’espérait et des incompréhensions naissent.
Il y a les « bons mots », des remarques intelligentes souvent, des traits d’esprit humoristiques dont certains voudraient nous priver aujourd’hui afin de nous rendre politiquement corrects. Et la liberté d’expression, alors ? Pourquoi se contenter de rire avec la grossièreté, la vulgarité de quelques comiques actuels ?
Pas facile de jouer avec les mots. Tout le monde n’est pas Raymond Devos, lui qui faisait ce constat simple : « Je suis adroit de la main gauche et je suis gauche de la main droite. » (Si ça vous intéresse, pour moi, c’est l’inverse, je suis droitière. Je constate aussi que les deux mains de ceux qui nous dirigent, à droite ou à gauche, sont utilisées pour « pomper nos sous » et les dilapider.)
Il existe aussi des mots malheureux dont certains sont coutumiers. Je vous rappelle Emmanuel Macron qui a dit à propos d’ouvrières : « Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. ». Voilà le mépris ! J’y reviendrai.
En attendant, je me penche sur un mot à sens multiple qui a fait naître des expressions diverses et peut vous faire passer pour un grossier personnage. Je veux parler de la trique.
La trique est un gros bâton qui sert d’appui pendant la marche et qui peut être utilisé pour frapper, pour assommer. Il était utile aux pélerins de la route de Saint-Jacques de Compostelle. Son synonyme est le gourdin. On peut donner ou recevoir des coups de trique.
La langue argotique a saisi ce sens du mot (gourdin) et la trique est devenu un pénis en érection. « On peut toucher? » (…) « Des fois qu’elle serait postiche. » « Postiche ! Postiche ! répète le blondinet écœuré. Dans le civil je me réveillais tous les matins avec une trique deux fois grosse comme ça » (Sartre, La mort dans l’âme, 1949). Avoir la trique, c’est donc en argot, avoir une érection.
Pourtant la trique c’est aussi une autorité brutale, répressive ou, encore en argot, une interdiction de séjour (avec un carnet de trique). Certains malfrats se retrouvaient donc tricards (féminin : tricarde), interdites de séjour.
Par extension, toute personne mise à la porte, exclue devient tricard : « Après des études mouvementées à travers quatorze établissements, Frédéric « tricard de tous les lycées de France » pour insubordination, … ». Le tricard n’est pas si loin du trimard, mot qui signifie route ou chemin, puis par extension « racolage sur trottoir » ou qui désignait un chemineau, un trimardeur. Et me voilà repartie en Australie avec Arthur Upfield et un de ses romans policiers ou Bony (l’inspecteur Napoléon Bonaparte) enquête sur « La mort d’un trimardeur». Comme à mon habitude, je m’échappe, je m’éparpille. Mais bon…
C’est ça la vie. Non ?
Savez-vous qu’il existe aussi le verbe triquer ? Triquer : battre à coups de trique (triquer un âne) ou encore, au passif, en argot : être interdit de séjour.
Ceci dit, j’ai autre chose à faire, ce matin, que d’écrire sur mon blog. je reviendrai.
À plus tard.
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