« À force de crier au loup», mes derniers mots d’hier, signifient qu’à force de donner de fausses alertes, l’alerte véritable ne sera plus écoutée. Il faut être réfléchi, raisonnable, responsable. À La Réunion, à force de vouloir attirer les aides, on finira par nous les refuser. Si nous ne sommes capables que de pleurer pour obtenir davantage d’assistance, nous risquons d’entendre un « débrouillez-vous tout seuls ! ».
Pour se débrouiller tout seul, il faut faire des sacrifices et des efforts qui ne profitent parfois pas à celui qui les fait mais à quelques-uns ou quelques autres. Il faut du courage pour refuser le joug qui donne, en même temps que la contrainte, un certain confort. Les annonces d’aides qui viennent d’être faites vont faire des déçus, comme toujours. Des petits malins profiteront du système (surtout en cette période pré-électorale) mais les plus honnêtes, les plus responsables, les travailleurs, les plus dignes se verront refuser tout secours même de la part des assurances sous prétexte que… l’arrêté interministériel qui constate l’état de catastrophe naturelle n’est pas encore paru au Journal officiel, le vent était trop fort ou pas assez, sont exclus les pertes de denrées dans un congélateur du fait des coupures de courant, le vol à l’occasion d’une catastrophe naturelle, les frais de déplacement du mobilier et de relogement y compris en cas d’impossibilité d’accès à une habitation, perte d’usage, perte de loyers… Les plus courageux feront comme ils ont toujours fait, ils redresseront la tête et se retrousseront les manches.
Pour en revenir à cette expression très ancienne «À force de crier au loup», le loup est bien comparé à un danger, à un risque et « crier au loup » signifie « alerter d’un danger (parfois en exagérant son importance) » et c’est là que le bât blesse, en ce moment, avec l’exagération. La tendance est à tout « monter en épingle » (encore de l’argot : grossir, donner de l’importance à quelque chose).
L’association du loup au danger est parfaitement compréhensible compte tenu de l’Histoire, souvenez-vous de mon billet sur les brûleurs de loups. C’est Ésope, quelques siècles avant J.C. qui créa la fable « le garçon qui criait au loup » ; il raconta comment un jeune berger qui, parce qu’il s’ennuyait, trouva un malin plaisir à appeler à l’aide en hurlant « au loup », histoire de voir si les villageois allaient venir les secourir, lui et son troupeau. Comme sa plaisanterie avait très bien marché une première fois, il la renouvela avec le même résultat mais quand le loup attaqua vraiment son troupeau, il eut beau crier, plus personne ne bougea. Tel est pris qui croyait prendre.
Crier au loup, ce n’est pas hurler avec les loups, mais actuellement nous n’en sommes pas si loin. On crie au loup souvent pour se faire aider et on hurle aussi avec les loups pour ne pas être ennuyé pour passer inaperçu (ou refuser d’engager sa responsabilité « c’est pas moi, c’est l’autre »), ce qui tendrait à prouver que bêtise et courage ne vont pas souvent ensemble.
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