« Bank run » (la course à la banque) : une fois n’est pas coutume, je vous propose un titre en anglais pour une question qui pose problème : que feriez-vous si l’État choisissait du jour au lendemain de vous prélever 10% sur votre épargne? Un dixième de ce qui est inscrit sur votre relevé bancaire annuel.
Voilà l’idée du FMI dont la patronne est Christine Lagarde. Elle (le FMI) y voit une bonne alternative à la résolution de la crise de la dette. Avec une ponction de cet ordre, les pays « avancés » (Europe, États-Unis, Japon) pourraient retrouver le niveau de dette qu’ils présentaient avant 2007, soit 700 milliards d’euros à prélever pour la France.
Le Fonds monétaire international n’avance rien de concret dans son rapport annuel des finances publiques mais il pose la question. Y-t-il la promesse que l’on ne recommencerait jamais ? Pas sûr. De toutes façons, on sait à quoi s’attendre avec les promesses des dirigeants.
Pour le moment, le FMI n’impose rien, il ouvre le débat. (J’ai peur.) C’est, en théorie, un prélèvement égalitaire puisque les riches et les plus modestes seraient prélevés au même taux… à condition qu’ils disposent d’une épargne positive (ils ont commencé à piocher dedans en septembre pour payer leurs impôts ; d’autres ont emprunté.). Les plus fortunés contribueraient plus si l’on parle en valeur absolue mais dans la classe médiane, on fait supporter un maximum à ceux qui ont travaillé et joué aux fourmis. Les cigales sont gagnantes sur tous les plans. (Consommez, on vous dit, pour que l’économie tourne.)
Savez-vous que ça s’est déjà fait en Europe ?
Cette taxe permet de ne pas bouleverser le système établi. Qui est gagnant ? Vous ? Les États ? Les banques ?
OUI, ça s’est fait :
1 – Au printemps dernier, à Chypre, l’État a ponctionné 47,5% sur les dépôts de plus de 100.000 euros afin de se voir accorder un plan d’aide international. Ce plan a préservé le patrimoine des petits épargnants, tout comme existe la garantie des dépôts bancaires au dessous de 100.000 euros au sein de l’Union européenne.
2 – En Italie, en 1992, la dette publique frôlait les 120% et le gouvernement a choisi une solution de choc, en faisant du désendettement sa priorité afin de rentrer in extremis dans les critères de Maastricht. « On » a fixé le taux de 0,6% sur l’ensemble des dépôts italiens positifs. À l’arrivée quelque 15 milliards d’euros sont arrivés ainsi dans les caisses de l’Etat. Le pays va-t-il mieux aujourd’hui ? Les Italiens épargnent-ils ? Le gouvernement fait-il des économies ? Je crois que les élus mènent encore grand train, que les administrations sont de plus en plus corrompues et que les citoyens sont désabusés et malheureux.
Une telle solution pourrait-elle arriver en France ? Si les pouvoirs publics ont plutôt pour mission de rassurer les épargnants en période de crise, je vais répondre que non, ils ne le feront pas, MAIS j’entends dans le même temps que l‘État veut taxer l’épargne longue, celle qu’il faut encourager pour aider l’économie à redémarrer. Comment un gouvernement peut-il vouloir une chose et faire son contraire ?
Ça dépend du chef de l‘État, vous en avez choisi un bon. Bravo, il a fait de belles promesses.
Alors quoi ? La difficulté de cette décision serait d’éviter les fuites de capitaux : il faudrait être sûr que personne ne puisse y échapper. Qui sera plumé ? Qui se cachera ? Vous avez trouvé ?
Laisser un commentaire