« Il était une fois dans l’Ouest« , l’inoubliable western-spaghetti m’a permis de participer, avant-hier, à la quinzaine « Musique à cœur… ouvert ». Tout en cherchant des chansons, j’ai pensé à cette expression «être à l’ouest». Dans ma jeunesse, je crois que je ne l’ai jamais entendue ; maintenant elle revient et ne me déplait pas contrairement à d’autres qui sont de véritables tics verbaux.
En fait… il m’énerve ce « en fait » récurrent. A moins que ce ne soit « en fête », tant nous sommes heureux ; je n’aurais rien compris ? Je n’aime pas non plus le « au jour d’aujourd’hui » pire qu’un pléonasme puisque jour est répété trois fois, aujourd’hui se décomposant comme ceci : au jour d’hui, hui signifiait «en ce jour», comme le latin hodie dont il provient, la locution au jour d’hui était autrefois pléonastique, alors STOP, aujourd’hui suffit, on a compris que c’est de maintenant dont il est question. Je déteste aussi le « un peu » qui minimise tout alors qu’à côté de ça le catastrophisme est à la mode, tout comme le « au pire » et les « donc » qui n’expriment pas une conséquence sans parler des « conséquent (e)(s) » pour dire important. Pff, je m’énerve et je m’éloigne de l’expression «être à l’ouest» qui signifie être dans un état anormal de fatigue, d’hébétude, ou d’inattention, c’est « avoir la tête ailleurs ». Mais pourquoi ?
Le soleil se couche à l’ouest ; c’est comme ça, quand il a fini sa journée et qu’il est fatigué, il se couche toujours du même côté. Les Bretons sont à l’extrême ouest de la France, passent-ils leurs journées allongés ? Sont-ils plus fatigués que leurs concitoyens ? La réputation de fatigués est celle des Corses, il fait chaud chez eux. Est-ce une histoire de soleil et de Bretons ? Non, je ne crois pas. Cette expression est très récente, elle date de la fin du XXe siècle, celui de ma naissance.
L’origine la plus probable de cette expression est une adaptation de la locution anglaise « to go west » (« aller à l’ouest »), ce qui, pendant la première guerre mondiale signifiait « mourir » ou « être tué », elle-même venue de l’argot des voyous pour qui « to go west » voulait dire « être pendu » après avoir été attrapé et, peut-être, jugé (la justice était plus rapide avant, pas plus juste, simplement plus rapide et plus dissuasive). « Go to west » en traversant la Manche, a perdu de son intensité, la mort étant remplacée par une sorte d’hébétude. La connerie, peut-être ?
J’ai trouvé deux autres explications un peu capillotractées. Les voilà.
La première viendrait du théâtre toujours au XXe siècle, mais au début, voilà pourquoi j’ai un doute, puisque l’expression est bien plus récente mais pourquoi pas ? Il paraît qu’à cette époque, début du XXe siècle, les ateliers de décors et les théâtres se situaient principalement à l’est de Paris (Pantin) alors que les acteurs habitaient plutôt à l’ouest (Saint Cloud). A la fin du spectacle, très fatigués, les artistes retournaient chez eux, à l’ouest.
La seconde est amusante et encore moins probable. Vous connaissez Tintin, celui de Milou, qui côtoie le professeur Tournesol, prénommé Tryphon. Ce personnage, Tryphon Tournesol, est toujours à côté de la plaque, donc à l’ouest, en partie à cause de sa surdité mais aussi parce que c’est un scientifique et que les savants ont la réputation d’avoir la tête dans les étoiles. Par ailleurs, dans « Le trésor de Rackham le rouge », Tournesol n’arrête pas de dire que son pendule lui indique qu’il faut chercher toujours plus à l’ouest. C’est de cette obsession que viendrait l’expression.
Laquelle préférez-vous ?
En tous cas ne soyez pas à l’ouest par les temps qui courent. Il est préférable de rester vigilant.
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