Avoir la langue bien pendue

En bavardant au téléphone, la « Vieille Marmotte » qui n’est pas muette (moi non plus) m’a demandé si je savais d’où venait l’expression « avoir la langue bien pendue ». Si je sais ce que signifie cette expression, je ne sais pas quelle est son origine. J’ai cherché et je n’ai malheureusement pas trouvé grand chose.

Il semble que l’expression est apparue au XIVe siècle sous la forme « avoir la langue bien affilée » ; une personne qui  parlait facilement était affublée de ce sobriquet de langue bien affilée. Ce dernier adjectif a été remplacé par «pendue» pris dans le même sens.

L’expression s’applique donc à une personne qui a la parole facile. Je crois surtout qu’elle a pris une connotation péjorative ; elle est devenue parler beaucoup (et même trop), avec facilité. On peut aussi élargir l’idée en sous-entendant qu’il vaut mieux éviter de confier un secret à une personne qui a la langue bien pendue parce qu’elle risque de le divulguer, sans  le vouloir, mais en parlant trop.

Avoir la langue bien pendue peut signifier aussi : être impertinent, dire la vérité d’une manière qui dérange mais pas vulgaire. Dans ce sens, c’est  de l’art : la rhétorique.

A partir de l’art du langage, on en arrive au beau parleur, quelqu’un qui s’exprime avec facilité, qui fait de beaux discours éloquents, souvent creux (vides de sens)… des promesses aussi. Je ne peux m’empêcher d’ajouter que les politiciens sont, en général, des beaux parleurs. Ils ne sont pas bavards comme des pies, il n’empêche qu’en bout de course, ils nous plument la plupart du temps.

Mais savez-vous pourquoi on dit bavard comme une pie ? À l’école, j’ai souvent été punie pour bavardage : « une vraie pie jacasse » me répétait une de mes institutrices. Jacasser et jaser sont les verbes attribués à la pie à propos des cris qu’elle émet. Je sais maintenant, pour avoir deux pies dans mon jardin, que ces volatiles sont très bruyants quand ils commencent à jacasser. Le rapprochement avec les gens qui bavardent trop et font du bruit souvent pour dire des choses sans intérêt était facile.

Au XVIIe siècle, le mot « pie » désignait une femme bavarde puis le mot s’est appliqué à une personne bavarde, sans distinction de sexe.

Vous savez, comme moi, que les expressions contre les bavards ne manquent pas. A croire qu’on veut les faire taire définitivement ; ils perturbent l’ordre établi. Ils dérangent. Vous vous en doutez, je ne suis pas d’accord : il faut parler. Trop c’est trop, soit, mais quoi de plus pénible que ces individus qui n’ouvrent la bouche que pour manger ?  Je préfère encore être traitée de « moulin à paroles ».

Le moulin est un mécanisme qui tourne sans arrêt, entraîné par le vent ou l’eau ou l’électricité. Le moulin à paroles produit inlassablement son bavardage sans même être branché sur une prise de courant. Difficile de trouver  l’interrupteur qui permettrait de lui « couper le sifflet ».

Moi, je m’arrête toute seule pour aujourd’hui.

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