Compte à rebours (J-1)

Demain les soldes d’été commencent. Est-ce parce que c’est la crise qu’à chaque saison, le phénomène des soldes semble prendre de l’ampleur ? J’ai  pourtant l’impression que cette folie des soldes a précédé la crise mais elle est le révélateur d’une fuite en avant malsaine, perverse tant pour l’économie que pour tous ses acteurs. C’est encore une fois le paraître qui a tout détraqué.

En effet, à la base, la période des soldes, deux fois par an, est le moment qui autorise le vendeur à se débarrasser en vendant, légalement, à perte, des articles qui encombrent son stock. Je ne parle pas des «rossignols» qui peuvent réapparaître cycliquement mais simplement de ces modèles invendus pour des raisons quelquefois inexplicables, sauf peut-être leur prix indécent, ces modèles dits « à la mode » et qui n’ont pas trouvé acheteur.

Acheter et vendre de la mode n’est pas une science exacte, il faut sentir les tendances et même avec de l’expérience, il y a toujours des couleurs et des modèles qui restent en boutique et qu’il faut liquider. La mode est intraitable, inexplicable, irrationnelle, encore plus depuis qu’internet fait et défait en quelques secondes une mode, une réputation…

Depuis qu’ils voient quel est le «taux de démarque» (des réductions de 50 à 70% du prix de vente initial), les clients se sentent floués et retardent leurs achats au maximum attendant de faire de bonnes affaires. Une enquête de l’Ifop annonçait que, fin 2011, 70 % des consommateurs repoussaient leurs achats au moment des soldes. Le poids des soldes et promotions dans le chiffre d’affaires est en constante augmentation pour atteindre 40 % pour les chaines de centre ville, 44 % en hypermarché, 50 % en grands magasins et jusqu’à 70 % pour l’e-commerce.

Je vous disais déjà hier que nous vivions une drôle d’époque. J’insiste, tout est fumeux.

Les soldes aujourd’hui sont un danger pour l’économie (regardez comme les journalistes en parlent, insistent ; ils nous manipulent) ; les soldes, dis-je sont un danger : danger pour les distributeurs qui veulent vendre du toujours moins cher en gardant leurs bénéfices (d’où les approvisionnements douteux), danger pour les consommateurs qui à vouloir acheter à bas prix achètent des articles de mauvaise qualité venant d’on ne sait où, danger pour les producteurs, les industriels qui doivent fabriquer à bas prix et répercutent cette pression sur l’emploi pour maintenir des marges acceptables (délocalisation, cadences, harcèlement moral), danger pour les travailleurs salariés qui, d’une certaine manière, causent leur propre perte.

Il faudrait donc réapprendre à consommer intelligemment, raisonnablement :
* acheter ce qui est utile, nécessaire voire indispensable : limiter ses achats,
* acheter des produits de bonne qualité même si le prix est un peu plus élevé, des produits durables, réfléchir avant de choisir,
* acheter français ou au moins européen pour conserver les emplois dans notre zone économique.

Il faut redonner en outre à la période des soldes son sens initial, un moment de liquidation des invendus de la saison, c’est-à-dire faire glisser la période des soldes, du cœur de la saison vers la fin de saison. Est-il logique de démarrer les soldes d’été le 26 juin, 5 jours après le début officiel de l’été ? Quand on pense au climat que le printemps nous a offert ces dernières semaines, on peut comprendre que les vendeurs de robes légères et de maillots de bain n’ont pas fait un beau chiffre d’affaires. En soldant si tôt, ils se sabordent. Ils peuvent se faire entendre par les autorités. Il faudrait vraiment remettre de l’ordre dans l’organisation sociale et économique.

Toute vérité n’est pas bonne à dire. Claude Allègre qui voulait « dégraisser le mammouth » aurait dû agir plutôt que de parler ainsi. Certains profs se sont sentis attaqués mais c’est le  ministère devenu énorme et inefficace, qui l’était. Il y a plus de fonctionnaires divers que d’enseignants dans les salles de classe, ils sont tout particulièrement nombreux les « gratte-papiers » dans l’administration centrale à Paris et dans les rectorats ainsi que dans tous les organismes qui tournent autour et sont particulièrement inutiles (Onisep, Cndp, Crdp, Esen…). Pour tout le reste, il faut remettre les choses à plat. Il faut juste une prise de conscience généralisée ; elle est indispensable pour que ça tourne mieux.
cf les centres de recherche pédagogique

Pour en revenir aux soldes, il n’est pas nécessaire d’être polytechnicien, il suffit d’avoir un minimum de jugeote pour comprendre que les prix sont gonflés par anticipation. Il suffirait donc pour ne pas emballer la machine de fixer le juste prix des produits à vendre, comme devraient être fixés les salaires : justement.

C’est la folie qui nous tuera. Quand ?

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