Le dindon de la farce

Une fois de plus, hier, j’ai utilisé une expression familière que j’ai entendu souvent dans la bouche de ma grand-mère : «Etre le dindon de la farce». Elle disait aussi que ce sont toujours les mêmes qui se font plumer (ou tondre selon l’animal auquel on se réfère). Une chose est certaine, c’est que ce sentiment est partagé par un grand nombre de Français. Confirmation de la devise Shadock : « Pour qu’il ait le moins de mécontents possible il faut toujours taper sur les mêmes. » ?

devise Shadok#3

Quand la minorité battue, tondue se révolte-t-elle ? Se révolte-t-elle ou ronchonne-t-elle seulement sans jamais agir ? Est-ce une minorité ou seulement une classe qu’on veut faire croire minoritaire ? Victime et coupable pour toujours ?

J’en reviens à «mon dindon de la farce» qui signifie se faire duper, se faire avoir.

Croire des promesses intenables relève d’une naïveté condamnable et cette crédulité généralisée a fait des Français moyens «les dindons de la farce», des pigeons.

D’où vient cette expression populaire «les dindons de la farce» ?

Du Moyen Âge, sans doute, époque durant laquelle les «farces» étaient des intermèdes comiques dans des spectacles généralement religieux. Vous connaissez au moins de nom «la farce de Maître Pathelin», non ? Parmi les personnages de ces pièces sans prétention, on trouvait nombre de pères crédules, bafoués par des fils peu respectueux de l’âge, de l’expérience. Ces pères auraient été surnommés les pères dindons. Ils étaient donc « les dindons de la farce ». Seulement il y a un petit problème : les dindons que nous connaissons ont été ramenés du Mexique plus tard, à partir du XVIe siècle. Pas de dindon au Moyen-Âge.

Une autre explication, qui semble acceptée par bon nombre, viendrait d’un spectacle forain « Le Ballet des dindons » qui a été présenté à Paris entre 1739 et 1844. Durant ce divertissement, des dindons étaient placés sur une plaque métallique, chauffée par en-dessous de sorte que les pauvres bestioles étaient contraintes de «danser» d’une patte sur l’autre pour tenter d’éviter de se brûler. Cette «farce» faisait beaucoup rire les spectateurs de l’époque qui ne craignaient rien de la SPA et se gaussaient de la souffrance animale ; ils appréciaient d’autres cruautés comme les combats d’animaux, par exemple, mais aussi, bien pire : le spectacle de la guillotine. Ceci dit les dindons souffraient de leur incapacité de se sortir de leur inconfortable situation, peut-on dire de leur bêtise ? Ce sont des dindons…

Personnellement, je préfère la première explication

Je dois ajouter que depuis longtemps, le mot dinde  désigne une jeune fille niaise, pire qu’une oie blanche, une personne niaise se faisant aisément duper (Bécassine), il est logique qu’en passant au masculin, un homme niais, susceptible de se faire duper, soit affublé du terme dindon.

Pourquoi ne pas rester simple ? Je l’ai dit plus haut, le dindon comme le pigeon se fait plumer, au sens argotique, il se fait duper. Comme toute volaille, il se sert souvent farci.

Et même, sans obligatoirement aller chercher cette farce garniture, on peut très simplement penser à la farce, la plaisanterie (qui vient de farser pour «se moquer de» au XIIIe siècle) une  « blague » dont la dupe est  le dindon de la farce ; l’idiot de service.

Nous ? Qui sommes-nous ? Des idiots ? En tous les cas, tous les volatiles sont qualifiés de stupides.

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